En un an, les cours du plomb et du zinc ont quasiment diminué de moitié. Les deux non ferreux sont repassés en dessous de la barre des 2 000 dollars la tonne. La semaine du 7 juillet, ils ont brièvement relevé la tête mais depuis lundi 14 juillet la tendance baissière a repris le dessus. La dégringolade des derniers mois est légitime au regard de l'évolution de l'offre et de la demande. Les stocks de zinc débordent. Quant au plomb, il a surtout pâti de la désaffection des investisseurs, après l'avoir porté au sommet en octobre dernier ils se sont rapidement désintéressés de ce marché finalement relativement équilibré. En Allemagne, le moral des investisseurs est au plus bas. Le président de la Banque centrale américaine a par ailleurs semé la panique en déclarant mardi que les risques d'inflation et de ralentissement de la croissance augmentent. Le recul des ventes de voitures aux Etats-Unis, de plus de 3% en juin - la plus forte baisse depuis février 2006 - a accentué la pression baissière sur le plomb et le zinc, car ces métaux sont en grande partie absorbés par le secteur automobile. Douchés par cette série d'informations négatives, ces non ferreux ont enfin emboîté le pas au pétrole en net repli depuis deux jours. Souvent déterminant pour l'ensemble des matières premières, le brut pourrait entraîner dans sa chute des corrections en série sur les autres marchés. Aussi, la brutale décrue des cours du pétrole enregistrée cette semaine marque à première vue le retour du réel sur des marchés survoltés depuis des mois par la présence des investisseurs. Le baril qui culminait la semaine du 7 juillet à 147 dollars est redescendu jeudi à 129 dollars. Avec la remontée des stocks américains de brut annoncée mercredi, les opérateurs ont enfin pris en compte l'essoufflement de la demande sensible depuis plusieurs semaines aux Etats-Unis et prévu au niveau mondial par les instances des pays consommateurs comme par celles des pays producteurs. La perspective d'un ralentissement général de l'économie aggravant l'érosion de la demande provoquée par des prix trop élevés. En revanche, nul n'assiste encore au départ précipité des investisseurs suspectés d'avoir outrageusement fait gonfler le niveau des cours. Ces opérateurs soucieux de faire fructifier leur argent le plus rapidement possible n'ont pas l'air pressé de quitter les marchés de matières premières en général et celui du pétrole en particulier, bien au contraire. Mardi, le premier jour de la chute des cours du pétrole, l'encourt des capitaux investis à Londres dans les ETF, des instruments qui permettent de jouer sur les marchés de matières premières sans prendre directement position sur les marchés à terme, a atteint un nouveau record selon les chiffres publiés par la société britannique pionnière sur ce support (ETF Securities Limited). Après les ETF sur l'or, ceux qui suivent le cours du brut ont drainé le plus grand volume d'échanges au cours du mois de juin. Il y a peu de chances de voir la bulle formée sur le pétrole éclater dans les prochains jours car tant que les performances des marchés d'actions seront mauvaises, les matières premières demeureront une place refuge attirant les capitaux à la recherche des meilleurs rendements. Les investisseurs n'ont pas trouvé pour l'instant d'autres havres de profit. Et puis l'évolution des échéances lointaines cotées sur le marché pétrolier laisse supposer que la dynamique haussière est toujours à l'œuvre, le pétrole qui sera délivré en décembre 2016 vaut encore plus de 130 dollars le baril.