Les prix record de la tonne de plomb ont dépassé ceux de la tonne d'aluminium pour la première fois mardi sur le London Metal Exchange (LME), une situation due aux fondamentaux très précaires du marché du plomb. “C'est la première fois dans l'histoire récente, c'est-à-dire au moins depuis 20 ou 30 ans, que le plomb coûte plus cher que l'aluminium”, soulignait William Adams, analyste chez BaseMetals.com. Emporté par une irrésistible ascension, le plomb, a rencontré en chemin l'aluminium, ou plutôt il l'a dépassé ! lundi passé la tonne de plomb livrable dans trois mois valait 2 745 dollars à Londres, l'aluminium 2 720 dollars seulement. Pour la première fois, dans l'histoire des cotations, le métal qu'on croyait condamné pour des raisons de santé publique, coûte plus cher que le non ferreux de l'avenir, l'aluminium. Le plomb revient de loin. Dans les années 80, c'est le métal dont la consommation augmente le plus lentement. Parce qu'il est toxique, son usage est frappé d'interdits croissants : il faut rapidement le remplacer dans tous les produits qui ont fait sa fortune : les conduites d'eau, la peinture, ou encore les boîtes de conserve où il était employé pour les soudures. Ce vaste mouvement de substitution s'est arrêté chez les fabricants de piles et de batteries automobiles qui n'ont pas trouvé d'alternatives à ce métal. Lorsque la demande des fabricants de batteries flambe pour cause de croissance forcenée dans les pays émergents, la moindre défaillance de l'offre entraîne une hausse fatale des cours. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec plusieurs interruptions de production à travers le monde. Un scénario où la Chine endosse encore une fois un premier rôle, elle est le plus grand exportateur mais aussi le plus grand consommateur de plomb. Les batteries équipent les voitures de la classe moyenne et les vélos électriques d'une frange croissante de la population. Pour satisfaire la consommation intérieure, Pékin a imposé une taxe à l'export de 10 % par tonne depuis le début du mois, ce qui n'a pas manqué de fouetter les marchés à terme et d'effrayer les industriels craignant de voir leur source d'approvisionnement se tarir dans les prochains mois. A la bourse des métaux de Londres, les stocks ont diminué de moitié en un an tandis que les fonds commencent à poindre le bout de leur nez. Changer le plomb en or, les alchimistes en ont rêvé, les apprentis sorciers de la finance tentent, à leur tour, l'expérience. Dans le portefeuille des fonds, le nickel, dont les cours dégringolent depuis deux semaines. Ce soudain appétit des investisseurs pour le plomb rend les analystes pessimistes sur l'issue de cette folle envolée des cours. La chute risque d'être brutale, comme d'habitude personne ne sait quand elle se produira et à quel niveau elle s'arrêtera. Seule certitude, le cours du plomb repassera bien en-dessous de celui de l'aluminium, parce que l'avenir de ce dernier est plus prometteur mais aussi parce qu'il est nettement plus cher à produire Donc le plomb est soutenu par une multitude de facteurs: l'industrie est frappée par des interruptions de productions et le déclin des exportations chinoises, la demande est très forte en Chine, et les stocks londoniens sont particulièrement bas.