Alors que les marchés cédaient à la panique, ils se sont repris cette semaine. Mais la dernière bulle, celle des matières premières, s'est brusquement dégonflée à son tour. Sur les marchés d'actions, la spirale baissière, qui a fait craindre le pire la semaine dernière, a été stoppée. D'abord, parce que les prix, ayant retrouvé les niveaux qui étaient les leurs il y a trois ans - et même dix -, ont provoqué des achats "à bon compte". Ensuite, fait tout récent, la spirale haussière du pétrole a été contrariée, ce qui laisse à penser que la dernière bulle, celle des matières premières, serait en train de dégonfler. Le cours du baril, à moins de 130 dollars, a perdu près de 15 % en l'espace d'une semaine. Or, pour beaucoup d'analystes, le prix de l'énergie est la clé de l'évolution des marchés. Reste à savoir si le pétrole amorce une phase de correction majeure - auquel cas le pire est passé sur les marchés d'actions - ou de repli passager avant de reprendre sa trajectoire en asymptote. Aujourd'hui comme hier, la grande peur d'une pénurie de carburant fait le bonheur des tenants de l'apocalypse économique... et des spéculateurs. Leur démonstration est apparemment infaillible. La consommation mondiale de pétrole atteint aujourd'hui 87 millions de barils par jour, dont un peu moins de 50 millions pour les pays de l'OCDE. Si les pays en développement doublaient leur consommation dans vingt ans, à cinq barils par an par habitant (contre dix-sept actuellement dans l'OCDE), il faudrait produire 25 millions de barils supplémentaires. Reste que, vingt ans, c'est long, et il peut se produire beaucoup de choses d'ici là. Les politiques de maîtrise de l'énergie, qui ont pris un coup de fouet grâce à la flambée des prix, peuvent changer la donne. Aux Etats-Unis, temple du gaspillage, la baisse de 3 % de la consommation d'essence est spectaculaire depuis le début de l'année. En attendant, le reflux des cours du pétrole peut avoir trois explications. Alors que les investisseurs s'inquiètent fortement des menaces de ralentissement économique, il était illogique de ne pas en tenir compte pour le pétrole, comme lors des précédents cycles. Par ailleurs, le reflux peut provenir d'un dégonflement de positions spéculatives. Si les excès de ces dernières pouvaient contribuer jusqu'à 20 % au prix de l'or noir, qui a atteint un record, à 145 dollars, alors le prix " net " du baril pourrait s'établir à moins de 120 dollars. Enfin, le virage spectaculaire de l'administration américaine dans l'affaire du nucléaire iranien, le 19 juillet à Genève, a réduit la prime de risque géostratégique Il faut néanmoins bien garder à l'esprit que ce à quoi nous sommes en train d'assister est un dénouement gigantesque de toutes les positions à effet de levier prises dans le système financier. Les capitaux sont vendus et dévalués tandis que les dettes sont remboursées. Les actifs qui grimpaient durant l'ère de l'argent bon marché sont en train de chuter à mesure que le crédit facile disparaît du système. Il faut surtout faire attention à la fuite des liquidités hors du système financier mondial et à ses conséquences sur les actions du secteur des matières premières.