Par Hiba Serine A.K L'environnement économique mondial et, principalement les politiques monétaires des Etats-Unis et de l'Europe ont une influence directe sur le reste de la planète. Dont évidemment l'Algérie. Comment la Banque centrale Algérienne tient-elle compte des mécanismes d'ajustement des taux d'intérêt des banques centrales des puissances économiques mondiales ? La Réserve fédérale et la BCE laisseront leurs taux d'intérêt inchangés cette semaine. Elles espèrent que la détente des prix du pétrole freinera le renchérissement. Un système sous la loupe… Les banques centrales américaine et européenne doivent décider du sort des taux d'intérêt cette semaine. Leur tâche est délicate: la croissance ralentit, plaidant pour une politique monétaire accommodante, tandis que l'inflation s'accélère, dictant un resserrement du loyer de l'argent. Tiraillées entre ces dangers opposés, qui soulèvent le spectre de stagflation, les institutions devraient toutes deux maintenir leurs taux d'intérêt inchangés. La situation diffère cependant de part et d'autre de l'Atlantique. Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) mène une politique très stimulante pour l'économie, avec un taux d'intérêt à 2%, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé en juillet son taux à 4,25%, son plus haut niveau depuis sept ans. Elle maintient un biais haussier, ce que lui reprochent les économistes: «Les entreprises européennes font face à un coût élevé du crédit et pourraient nettement sous-performer leurs homologues américaines», avertit JP Morgan Chase. Mais la BCE, qui se réunit jeudi, a toujours combattu en priorité l'inflation, qui a connu en juillet sa plus forte accélération depuis 1992, pour se hisser à 4,1%, le double du seuil que s'est fixé l'institution. Par contraste, la Fed, qui se réunit aujourd'hui, a privilégié le combat contre le risque de sévère récession suscité par l'effondrement des prix de l'immobilier en 2007. L'économie américaine a progressé à des taux anémiques de 0,9% et 1,9% aux premier et deuxième trimestres de 2008. Parallèlement, bien que l'inflation, qui a grimpé à 5%, menace aux Etats-Unis, «la Fed est restée ambiguë en juin quant à l'importance qu'elle attribue à ce risque», note Michael Hanson, économiste chez Lehman Brohers. «Une fois que le danger de récession sera éloigné, la Fed devra bien s'attaquer à l'inflation», estime Holger Schmieding, chef économiste pour l'Europe chez Bank of America, cité par la télévision Bloomberg: «Les Etats-Unis seront les premiers à relever leurs taux, au plus tôt en décembre.» Dans la zone euro, le marché espère plutôt un retour à une politique accommodante, qui verrait les taux de la BCE se relâcher de 50 points de base dès mars 2009. Le taux de croissance de la zone devrait ralentir à 1,5% l'an prochain, et les indicateurs économiques avancés signalent une stagnation, voire un risque de récession dans la zone. Inflation venue d'ailleurs Les analystes voient là le vrai danger pour la zone, d'autant qu'un contrôle de l'inflation par la BCE serait, selon eux, illusoire: cette fois-ci, en effet, le renchérissement n'est pas généré à l'intérieur de la zone euro, mais à l'extérieur, notamment par les prix du pétrole, qui se sont envolés de 50% en six mois. Leur détente, depuis début juillet, de 145 à 124 dollars le baril, pourrait inciter la BCE à se montrer plus flexible. «Au vu du fort ralentissement qui se profile dans la zone, le marché considérera, jeudi, une attitude restrictive de la part de Jean-Claude Trichet comme une erreur de politique monétaire», résume Michael Klawitter, analyste de Dresdner Keinwort.