par Fouzia Belkichi Le spectre de l'immigration a toujours été lié directement ou indirectement à la hantise de la faible démographie des pays, du Vieux continent. Dans certains pays, on fait moins d'un enfant par couple, d'où un taux de natalité de 0,9%. L'Espagne à titre d'exemple, et à l'instar de nombreux états européens, alloue une prime d'encouragement des naissances de 2 500 euros. Ainsi la peur de voir sa population devenir minoritaire face à des immigrés faisant des enfants à tour de bras, l'Europe se mobilise et porte le sujet sur le plan économique. La question sournoise et à la mode ces derniers temps est : Qui paiera la retraite des gens du troisième âge, quand il n'y aura pas assez de cotisants sociaux ? Le vieillissement, selon bon nombre de chercheurs et économistes européens, est, à côté de l'immigration, le plus grand défi démographique que l'Europe devra relever au cours de la première moitié du XXIe siècle. Passons sur le profond changement de mentalité que les gouvernements de l'UE souhaitent, et que ce défi ne manquera pas de susciter pour nous en tenir à ses seules conséquences pratiques. La baisse du taux de natalité et l'allongement de l'espérance de vie en cours signifient que de moins en moins d'actifs devront subvenir aux besoins d'un nombre croissant de retraités. Donc qu'il sera, en principe, de plus en plus demandé aux uns pour assouvir les besoins des autres. Le problème est évident et requerra sans doute un gros, voire douloureux, effort d'adaptation. Mais il a été suffisamment exposé pour que les Européens se réjouissent de le voir dédramatisé. Notre approche est de mettre en cause diverses idées reçues par les experts et les dirigeants européens. A commencer par celle qu'une hausse du taux de natalité représenterait une solution miracle. Sans parler du fait que les enfants supplémentaires mis au monde seraient promis à devenir autant de grands vieillards et ne feraient que reporter le problème, il montre que la richesse accumulée par cette nouvelle force de travail serait aussitôt absorbée par les besoins des plus jeunes. Qui sont eux aussi chers et eux aussi à la charge de la société. Plus profondément, notre remarque conteste l'idée que la société serait un simple jeu de vases communicants. Où ce que les aînés reçoivent serait forcément soustrait à d'autres. Les personnes âgées ne créent pas que des coûts. Loin de là. Les plus valides assument gratuitement des tâches qui, en leur absence, devraient être rétribuées. Un simple calcul, tout à fait basic ressortirait l'équation suivante : on estime ainsi à 100 millions d'heures par an - et à quelque 20 milliards d'Euros - les moments que passent des retraités en Europe à garder leurs petits-enfants. Et puis, les plus faibles fournissent par les soins qu'ils réclament des emplois, et donc des salaires, à leurs cadets. Même dans le domaine économique, on le voit, jeunes et vieux ne s'opposent pas. Même à cette aune-là, une guerre de générations n'a pas de raisons d'être.