La Réserve fédérale américaine a comme prévu laissé inchangé mardi son taux directeur à 2%, et laissé attendre un statu quo durable face aux incertitudes d'une économie assaillie à la fois par des risques d'affaiblissement de la croissance et de dérapage de l'inflation. "Même si les risques d'affaiblissement de la croissance demeurent, les risques d'une hausse de l'inflation constituent aussi une inquiétude significative", a estimé le Comité de politique monétaire (FOMC) dans son communiqué. La Fed ne fait ainsi plus allusion à une diminution des risques pour la croissance, qui avait été vue dans le précédent communiqué comme annonciatrice en filigrane de hausses des taux à venir. Le communiqué est cette fois plus neutre sur l'équilibre des risques pesant sur l'économie, dans la lignée du discours du président de la Fed Ben Bernanke à la mi-juillet. Cela a été interprété par les analystes comme annonciateur d'un statu-quo durable. "La Fed va garder ses taux inchangés pendant un bon bout de temps", a estimé John Feinman de la Deutsche Bank. C'est la deuxième fois consécutive que la Fed opte pour le statu quo, après avoir drastiquement abaissé son taux de 3,25 points depuis septembre. Et "ce communiqué laisse penser que la Fed n'est pas pressée de relever ses taux, puisqu'elle se montre moins optimiste qu'avant sur les perspectives de croissance", note Amine Tazi de Natixis qui prévoit un statu quo jusqu'à la fin de l'année. La Bourse de New York a fortement accrû ses gains mardi après cette décision, le Dow Jones gagnant 2,41% vers 19H30 GMT, tandis que le dollar préservait ses gains face à l'euro. La décision, qui avait été largement anticipée par les analystes, a été prise à l'unanimité moins une voix. Comme en juin, le président de la Fed de Dallas, Richard Fisher, a voté contre en expliquant qu'il aurait préféré une hausse des taux. En effet des risques demeurent sur le front de l'inflation. Selon la Fed, l'inflation a été "élevée" ces derniers temps, du fait de la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, et certains indicateurs concernant les anticipations d'inflation ont eux aussi été "élevés". La banque centrale est particulièrement inquiète d'un possible dérapage des anticipations d'inflation car cela risque de déclencher une spirale de hausse des prix particulièrement difficile à enrayer ensuite. "Le comité s'attend à ce que l'inflation se modère cette année et l'année prochaine", a-t-elle répété, tout en soulignant que les perspectives en matière d'inflation demeuraient "hautement incertaines". La banque centrale a relevé que l'activité économique avait augmenté au deuxième trimestre, soutenue par la consommation des ménages et la balance commerciale. Mais elle a averti que "les conditions de crédit restrictives, la poursuite de la contraction de l'immobilier résidentiel et les prix de l'énergie élevés devraient peser sur la croissance économique pendant les prochains trimestres". De plus le marché de l'emploi s'est "de nouveau affaibli" et "des tensions considérables" demeurent sur les marchés financiers, a-t-elle noté. L'économie américaine a perdu des emplois pour le septième mois consécutif en juillet tandis que le chômage bondissait à son niveau le plus élevé en quatre ans. "Le marché du travail est une inquiétude centrale, et de ce fait il va falloir surveiller de près les chiffres de l'emploi. Un retour aux embauches pourrait changer les perspectives rapidement", estime l'éoncomiste indépendant Joel Naroff.