Par Fouzia Belkichi Le 9 août 2007, les autorités monétaires américaines et européennes injectaient plus de 250 milliards d'euros dans les marchés financiers pour donner de l'air aux banques commerciales paralysées par la méfiance réciproque. Latente depuis six mois, la crise du crédit éclatait au grand jour. Ce même 9 août 2007, le baril de pétrole se négociait autour de 72 dollars, plutôt à la baisse. Depuis, il a doublé de prix. Au système financier paralysé s'est ajoutée la flambée des prix des matières premières. Cette conjonction de deux maux a transformé l'exubérance du début 2007 en déprime chronique. Les marchés financiers des pays riches ont perdu près d'un cinquième de leur valeur, ceux des pays émergents bien davantage. C'est dire si la récente détente sur le prix du baril offre un répit bienvenu pour les pays riches et émergents. Les bourses s'offrent des rebonds dont l'ampleur dit aussi l'incertitude: investisseurs et analystes ne savent plus à quel saint se vouer. Faut-il croire ceux qui pensent que la bulle pétrolière va encore se dégonfler, ou ceux qui voient le baril repartir à la hausse? A ce stade, mieux vaut rester prudemment pessimiste, quitte à être «déçu en bien», se plaisent à souligner les analystes financiers. D'autant plus que, obnubilés par l'or noir, certains tirent un peu vite le rideau sur la crise financière. Or, la confiance entre les banques n'est pas revenue, la liquidation des effets de levier n'a pas fini de donner des coups de sang aux marchés. Et le plus important: la crise du crédit commence seulement à contaminer l'Europe, où le géant allemand donne les premiers signes de refroidissement, tandis que les pays asiatiques, eux-mêmes, ressentent les conséquences du ralentissement américain et de l'inflation. Décidément, il est trop tôt pour le monde de se réjouir. L'intervention massive des banques centrales, il y a un an, a probablement évité le pire. Mais du coup, l'Occident et l'Asie héritent d'une crise au ralenti, poisseuse, dont ils ne sortiront que progressivement, à petits pas.