La crise financière, ou ce qui est appelé communément “subprimes” qui a secoué la planète ces derniers mois, demeure un événement jamais vécu depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout a commencé lorsque le marché immobilier américain s'est effondré subitement, alors qu'il bénéficiait d'une hausse continue depuis plusieurs années. Pour financer leur consommation et l'acquisition de leurs logements, les ménages américains n'hésitaient pas à s'endetter à des niveaux qui dépassaient largement les plafonds européens. En contrepartie, ils mettent leurs biens immobiliers en gage. Ce bien est une garantie pour les banques. Car si le débiteur ne parvient pas à payer, il voit son bien vendu pour honorer le traitement de sa dette. Lorsque le phénomène prend de l'ampleur et touche un grand nombre de ménages, la vente de leurs biens immobiliers entraîne l'effondrement de la valeur de ces derniers. Cette perte de valeur est un manque à gagner pour tout un ensemble d'acteurs. Quelques mois avant la crise financière qui éclate en août 2007, les marchés n'annonçaient pas de ralentissement mondial. Ils signalaient tous le risque d'un ralentissement américain, mais qui ne se transmettrait pas au reste du monde. Quant aux risques financiers, ils pouvaient venir d'une remontée de la volatilité, qui était basse à l'époque. Les marchés financiers d'alors étaient à la fois sûrs d'une croissance plus forte à venir, mais avec l'idée qu'un changement de trajectoire serait plutôt négatif… quand il se manifesterait. L'histoire devait en décider autrement, puisque le retournement de la conjoncture financière et bancaire a été plus brutal et plus général que prévu. La crise financière qui débute en août 2007 est d'abord celle des crédits hypothécaires à risque. Il s'agit de ces fameux crédits subprimes. Ce marché a connu une forte croissance ces dernières années aux Etats-Unis. Pourquoi la crise a-t-elle donc pris une telle ampleur ? Les experts expliquent cela par le fait que la crise des subprimes intervient sur fond de déséquilibres financiers mondiaux. Elle en accuse ensuite les fragilités. Ce phénomène, dénommé “paradoxe de la tranquillité”, qui s'est manifesté durant les années 1970 est devenu une idée conçue : les crises de surendettement se préparent lorsque tout va bien et que les agents économiques, à savoir les entreprises, ménages… profitent de la croissance et des taux d'intérêt bas pour emprunter parfois au-delà du raisonnable. “Mais lorsque les taux d'intérêt se retournent à la hausse, en particulier du fait du resserrement monétaire, l'endettement qui paraissait soutenable, compte tenu du niveau modéré des taux, devient insupportable et vire au surendettement”, précise un spécialiste. Le point de départ semble être, aux yeux des experts, l'excès de liquidités au niveau mondial. Le 9 août 2007, la Banque centrale européenne (BCE) stupéfie les milieux financiers en injectant le montant record de 94,8 milliards d'euros dans le circuit monétaire de la zone euro. La Réserve fédérale américaine (Fed) lui emboîte le pas, mettant sur le marché 24 milliards de dollars. Les Banques centrales du Japon, de Suisse et du Canada interviennent également. Ces injections sont destinées à remédier à une brusque pénurie de liquidités qui menace d'asphyxier les banques commerciales. Celles-ci ne veulent plus se prêter entre elles car elles se soupçonnent mutuellement d'être touchées par la crise des “subprimes”, les prêts immobiliers américains à risque, qui ont déjà fait chuter plusieurs établissements depuis février. De nombreux ménages américains s'étaient lourdement endettés grâce aux faibles taux d'intérêt pratiqués par la Fed à partir de 2003. Quand ceux-ci ont commencé à remonter, ils n'ont pu faire face à leurs échéances. La crise touche ainsi l'essentiel du système bancaire et financier et pas seulement les crédits hypothécaires accordés aux ménages américains risqués. Pourquoi la crise a-t-elle traversé l'Atlantique si le mal venait de l'immobilier américain ? La réponse à cette question est simple : plusieurs banques européennes ont, elles aussi, misé sur les subprimes américaines, très rentables ces derniers mois. De grands établissements bancaires, comme BNP Paribas en France ou IKB en Allemagne, ont perdu une bonne partie de leurs placements dans cette crise en 2007. Il a été en outre annoncé la faillite de plusieurs banques outre Atlantique. Ce qui a provoqué une crise de confiance sur les marchés financiers européens. Les banques se soupçonnent les unes les autres d'être contaminées par la crise et refusent par précaution de se prêter de l'argent. Si bien que, rapidement, certains établissements bancaires ont manqué de liquidités et n'ont plus été capables d'honorer leurs engagements financiers. Toutes les banques du monde étant liées par des accords financiers, la crise se propage très vite jusqu'en Asie à l'été 2007. Afin de pallier ce manque de liquidités, certains établissements bancaires n'ont plus qu'une seule solution : vendre leurs actions et obligations. Réagissant en nombre et sur un court laps de temps, ces banques provoquent donc une chute brutale des valeurs boursières et touchent l'ensemble des places boursières européennes et asiatiques. En “pompiers monétaires”, les Banques centrales américaine (FED) et européenne (BCE) ont décidé d'injecter des liquidités dans le circuit afin de permettre aux banques privées de se renflouer et d'éteindre aussi la crise sur les places boursières. Si les investisseurs ont de nouveau confiance, ils achètent et la situation se stabilise. Si au contraire, quelques-uns se mettent à vendre, les autres peuvent adopter un comportement discipliné, vendre à leur tour, et c'est l'effondrement. En injectant massivement des liquidités, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale semblaient être parvenues à endiguer la crise boursière en 2007. Mais la crise est repartie de plus belle en août et septembre 2008, avec la faillite de plusieurs banques américaines puis européennes. Ce qui a poussé le Sénat américain à adopter un plan de sauvetage historique du système bancaire. Il s'agit d'un projet baptisé “Loi sur la stabilisation économique d'urgence de 2008”, qui débloque 700 milliards de dollars pour éponger les créances douteuses accumulées par les banques dans l'immobilier. Ce plan ne produirait, cependant, pas les effets bénéfiques escomptés dans l'immédiat. Il va, en revanche, entraîner une augmentation de la dette américaine qui représentera plus de 70% du PIB, a averti l'agence de notation Fitch. Du côté européen, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie ont à leur tour annoncé samedi des mesures pour faire face à la crise financière, notamment pris l'engagement solennel de soutenir les établissements financiers européens en difficulté, à l'issue d'un mini-sommet à Paris. Synthèse B. K.