Nombre d'observateurs internationaux voient en la récente visite du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à Téhéran, un aspect "très politique". Alger souhaite jouer un rôle de médiateur dans le dossier du nucléaire iranien, tout en soutenant sans réserve le droit à ce pays de se doter d'une industrie nucléaire civile. L'Algérie, marquant sa sympathie pour l'Iran dans sa confrontation avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, a jugé inacceptable l'approche "unilatérale et sélective" qui interdit à un pays de se doter de la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Déjà en 2007, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a déclaré, à Alger, à son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, que l'Algérie soutenait le droit de la République islamique à se doter d'une industrie nucléaire civile. Renouvelant par la même sa demande d'un Proche-Orient totalement dénucléarisé. Pour le chef de l'Etat, il est inacceptable que des pays du Traité de non- prolifération nucléaire se voient contraints, en raison d'interprétations unilatérales et sélectives, de renoncer à leur droit normal et légitime d'acquérir ces technologies nucléaires à des fins purement pacifiques. Les officiels algériens n'ont cessé de répéter que la crise du programme nucléaire iranien doit trouver une solution satisfaisante fondée sur la diplomatie internationale et qui prenne en compte les droits qui garantissent ce Traité de non-prolifération nucléaire. A ce sujet, le président Abdelaziz Bouteflika s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique de la crise entre l'Iran et les Occidentaux, et appelé à un désarmement généralisé en matière d'armes de destructions massives, l'interdiction totale des essais nucléaires et la non-prolifération des armes nucléaires. Il s'est aussi prononcé en faveur de l'"instauration au Moyen-Orient d'une zone exempte d'armes nucléaires à l'instar de l'Afrique et de l'Amérique latine".Selon l'analyse faite par Samir Amghar, chercheur à l'Ecole des hautes études en science sociale (France), il y a effectivement depuis quelques années un rapprochement entre Alger et Téhéran. Ce chercheur explique que le rapprochement entre les deux pays s'est renforcé depuis l'arrivée au pourvoir du président Bouteflika. "Abdelaziz Bouteflika était le ministre des Affaires étrangères du temps de l'ancien président Houari Boumediene. Il est un diplomate dans le sens et donc, il avait déjà, dans les années 70, entretenu des relations diplomatiques avec l'Iran. Il revient à la source". M. Amghar interprète cela comme "un moyen de faire en sorte que l'Algérie devient une puissance régionale, une puissance qui sert d'interface entre les puissances occidentales et les pays musulmans émergents". Justement, on le voit sur le cas du dossier du nucléaire iranien. Le président Bouteflika a redit, lors de sa récente visite à Téhéran, que l'Iran avait le droit légitime à accéder à la maîtrise de la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Ces propos font dire à M Amghar : "Depuis la crise du nucléaire entre les Etats-Unis et l'Iran, l'Algérie a servi d'intermédiaire entre les deux pays, c'est-à-dire Téhéran et Washington communiquaient par l'intermédiaire d'Alger". De l'avis de Samir Amghar, l'Algérie ne risque à aucun moment de "brouiller" ses relations avec les Américains. "L'Algérie entretient de très bonnes relations avec les Etats-Unis. Donc, c'est un moyen effectivement d'apparaître comme un acteur incontournable de dialogue avec les puissances occidentales".