Les services postaux devront désormais accompagner le phénomène migratoire qui est mondial et qui concerne tous les pays. C'est suivant cet enjeu que les services postaux universels devront dessiner leurs nouvelles missions. C'est en, tout cas, le point de vue d'Edouard Dayan, directeur général de l'Union postale universelle. Dans un entretien qu'il accordé à l'hebdomadaire de la finance africaine, M . Dayan estime que l'avenir de la Poste réside dans le développement des services financiers et par ricochet les transferts de la diaspora vers les pays d'origine. Il indiquera, dans ce sens, que le montant des transferts par les canaux identifiés sont estimés à 300 milliards de dollars, dont une part importante, et peut-être la moitié, passe par des canaux informels. Le GD de l'UPU estime qu'il y a beaucoup d'opportunités à saisir dans ce créneau. Néanmoins, pour lutter contre les flux non identifiés, il faut d'une part des coûts de transfert bien étudiés par rapport au montant moyen par transaction qui est de 200 dollars. De plus, il faudra étendre le service qui n'est pas accessible partout. Il a également indiqué que les banques imposent des taux prohibitifs sur les transferts. Aussi, il existe le problème du change entre la monnaie d'émission et la monnaie de payement ainsi que le délai de payement. "Tout cela explique l'émergence de réseaux informels. Cet argent n'entrant pas dans le circuit légal, cela restreint sa possibilité d'utilisation dans les pays en développement, par exemple en favorisant le microcrédit pour le développement économique", dira-t-il. Pour rentabiliser ce créneau, l'UPU propose donc de transformer le mandat de payement sur papier en mandat électronique. Selon M. Dayan, l'UPU passera également d'un système d'accord bilatéral à un accord multilatéral. " Cela dit, l'UPU a déjà intégré depuis longtemps cette dimension des nouvelles technologies. Nous gérons un réseau électronique et avons développé un logiciel pour les transferts de fonds. Les accords à venir favoriseront aussi l'ouverture des corridors entre pays d'origine et pays d'accueil des travailleurs migrants ", indiquera-t-il. Il affirmera également que l'UPU privilégie, en Afrique, une approche multilatérale. " Grâce à un financement provenant du Fida, on va pouvoir développer un projet pilote couvrant six pays de la région et la France. D'autres corridors verront aussi le jour entre les pays du Golfe et ceux du sous-continent indien, entre la Russie et les pays de la CEI, entre l'Espagne et l'Amérique latine ", dira M. Dayan avant d'ajouter que " l'Afrique est impliquée dans la mise en place de ce service au sein de l'UPU. C'est le Sénégal qui préside le groupe de travail sur le clearing au niveau mondial. Quant au groupe de travail sur le développement d'une marque, il est présidé par l'Afrique du Sud. Ce service doit avoir une marque commune, étant porteur d'un certain nombre de valeurs ". M. Dayan indiquera également que pour promouvoir les transferts via des circuits formels, l'UPU encourage les postes à proposer aux destinataires des produits d'épargne et d'autres services financiers, ainsi que la mise en place des centres d'affaires offerts aux PME-PMI pour les aider dans le conseil, la vente par correspondance et le conseil à l'exportation.