L'université d'été du Parti des travailleurs PT, ouverte dimanche, à l'université Saâd Dahlab de Blida, prévoit un bon nombre de conférences gravitant autour des questions nationales de l'heure. Hier matin, c'était une conférence-débat portant sur le thème de «l'accord d'association avec l'Union Européenne, quel bilan ? et a l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce ». A cet effet, l'expert Serrai M'barek a été convié à exposer sa vision en la matière. Pour le conférencier, l'ambition de l'Algérie d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce, dans les conditions actuelles, et l'accord d'association avec l'UE signé en 2005, ne seraient qu'une erreur fatale, plus grave encore, une atteinte à la souveraineté nationale. Selon Serrai M'barek, l'embellie financière résultant de la flambée des cours du pétrole, dont l'Algérie jouit ces dernières années, «n'est qu'une richesse artificielle capable de disparaître d'un jour à l'autre». Pourquoi l'Algérie continue-t-elle de payer ses 67 % d'importations en euro, alors qu'en parallèle on vend le pétrole et le gaz en dollar et ce, en dépit de la chute de celui-ci par rapport à l'euro ?. Pour lui, 200 milliards de dollars dans les caisses du Trésor public se sont que 80 milliards d'euros et dont 25 milliards sont destinés uniquement pour la facture des importations. «Comment expliquer un matelas financier extraordinaire, un programme de 154 milliards de dollars pour les grands projets, mais en parallèle, on assiste à une pauvreté qui ne cesse de prendre de l'ampleur, les problèmes socio-économiques qui s'accentuent de jour en jour, 3 millions de chômeurs, problème de logement, commerce informel…aller à l'OMC avec toutes ces contradictions serait une erreur fatale». Afin d'adhérer à l'OMC avec succès, selon lui, il faut créer des entreprises compétitives dotées d'un système de contrôle de la qualité, des spécialistes en commerce et en finance internationale, mais malheureusement, ce n'est pas du tout le cas. «Le secteur privé demeure très fragile, tandis que le secteur public a connu depuis une destructuration», a-t-il signalé. A propos de l'accord d'association avec l'UE, l'expert dira qu'en 2005, l'Algérie était vue comme un appât faible pour les pays industrialisés. «Nous avons le droit de réclamer une renégociation de l'ensemble des articles de cet accord et d'exiger du ministre du Commerce d'ouvrir le dossier en toute transparence», a-t-il dit. Pour ce qui se rapporte à l'idée de créer une zone de libre-échange d'ici 2017 entre l'Algérie et l'UE, le conférencier s'est montré étonné de l'utilité de celle-ci, étant donné que les entreprises privées ou publiques nationales sont dans leur majorité non compétitives. «Sommes-nous réellement en position de les concurrencer ?». Et d'ajouter dans le même sens, «si nous allons dans les conditions actuelles à l'OMC, après la première année, 40 % des sociétés nationales privées ou publiques vont baisser rideau. Autrement dit, des centaines de milliers de travailleurs se trouveront dans le chômage et ce sera catastrophe». Par ailleurs, Serrai M'barek, avertit que selon la réglementation de l'UE, l'Algérie ne pourra pas réduire ses importations même s'il existe une production locale. En d'autres termes, l'Algérie n'aura pas le droit de protéger la production nationale. En outre, le conférencier avertit également que par le biais de la clause de la nation la plus favorisée (un des principes fondateurs de l'OMC), les avantages accordés à l'Algérie dans le cadre de l'OMC, seront accordés également à l'ensemble des pays de l'UE. Avec cet accord, poursuit-il, l'Algérie doit consulter l'UE sur toutes positions ou démarches qu'elle entamera sur le plan économique. «C'est le retour pur et simple du néo-colonialisme, il faut se défendre», a-t-il conclu.