par Lyès Bensid Bonne nouvelle. Il y a moins de pauvres dans les pays en développement, aujourd'hui, qu'il y a une vingtaine d'année. Prendre cette affirmation comme étant un fait positif, c'est faire preuve d'optimisme zélé. Même s'il n'y a plus qu'une personne sur 4 qui soit pauvre, les pays en développement sont plus pauvres qu'on ne le croyait. Il ne faudrait pas non plus prendre les chiffres de l'institution de Bretton Woods comme fait isolé. La crise alimentaire et les émeutes de la faim ont démontré, à bien des égards, à quel point le droit le plus élémentaire de populations entières est bafoué. Les images d'Haïtiens se nourrissant de galettes de boue a fait le tour de la planète. Mais ont-elles fait réagir.Les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale, OMC) elles-mêmes, ont été désignées par de nombreux experts comme étant à l'origine de la crise alimentaire en poussant les populations du Tiers-monde à se défaire des cultures vivrières et à les remplacer par des cultures destinées exclusivement à l'exportation.L'Union européenne, dans le cadre de sa politique agricole commune (PAC), a poussé à coups de subventions ses agriculteurs à laisser des terres en jachère.Le résultat est là. Au-delà de la hausse des prix, c'est le risque de pénurie qui menace la planète entière. Pénurie ? Parlons-en justement. En Algérie, et à l'approche du mois sacré de Ramadhan, les mandataires font d'ores et déjà des prévisions des plus alarmistes. Ils insistent sur le fait que la pénurie touchera de nombreux produits maraîchers. On le vois bien en manchette de nombreux titres de la presse : "Le Ramadhan s'annonce rude". Pourtant, les pouvoirs publics persistent. La saison agricole a été marquée par une surproduction sur tous les plans. Alors pénurie ou surproduction ? Les autorités accusent les spéculateurs de nourrir la psychose et appellent les citoyens à la raison. Mais c'est un état de fait. Poussés par une boulimie inexplicable, les consommateurs sont pris par la fièvre des achats, craignant par là même une hypothétique pénurie. Une sorte de réflexe pavlovien hérité de l'ère des "Souks el fellah". C'est la peur au ventre. Cette même peur qui nourrit la spéculation.