par Lyès Bensid Les règles sont faites pour être contournées. Cette maxime moderne n'a jamais eu autant de sens qu'aujourd'hui, dans la mesure où l'évolution de la sphère économique le démontre. Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, le club des vainqueurs s'était réuni à Bretton Woods pour imposer de nouvelles règles devant régenter le commerce mondial et avait même créé des institutions (FMI, Banque mondiale et GAAT devenu par la suite OMC), pour veiller à ce que ces règles soient respectées. Leur leitmotiv : libérer les initiatives mais surtout libérer l'accès aux marchés. Tous s'accordaient à dire que le libéralisme était la seule voie susceptible de garantir un accès égal aux richesses pour tous. Enfin, tous, jusqu'au jour où les règles en question se sont retourné contre leurs créateurs. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que le modèle imposé au lendemain de la grande guerre, n'a en fait pas contribué à la promotion de l'égalité des chances. Bien au contraire, il n'a fait que creuser les écarts entre les riches et les pauvres, entre le Nord et le Sud, entre ce qu'on appelle le monde développé et le Tiers-monde et à bien des égards le quart-monde. Cette situation ne semblait pas trop incommoder les chantres du libéralisme débridé, promu au rang de religion, jusqu'au jour où des pays autrefois sous-développés ont su tirer leur épingle du jeu et se hisser au rang de pays émergents. Une sorte de psychose s'est emparée des défenseurs du capitalisme, lorsque les produits du Tiers-monde ont commencé à envahir les marchés européens et américains. Cette psychose a tourné à l'hystérie lorsque les entreprises du Tiers-monde ont commencé à absorber les compagnies occidentales. Pourtant, les pays émergents n'ont fait que surfer sur la vague du libéralisme et respecter les règles du jeu. En mauvais joueurs, Européens et Américains se rétractent sur leurs positions traditionnelles et s'échinent à prendre toute une batterie de mesures protectionnistes sans précédent. Un véritable retour au nationalisme économique qui n'a rien à envier au socialisme. Le plus paradoxal dans l'histoire est que ces même pays continuent en toute indécence à prescrire des ordonnances sur mesures pour soi-disant améliorer l'efficience économique dans certains pays. Le FMI est là pour le garantir. Non contente d'avoir miné des économies entières, cette institution s'attaque à un nouveau chantier. Mettre fin au contrôle sur les flux de capitaux qui circulent de pays en pays. Leur cheval de bataille : l'amélioration de l'assistance technique et de la surveillance des politiques monétaires. En fait, cette opération n'a pour objectif que de contraindre des Etats souverains à abandonner leur contrôle sur leurs monnaies. Après avoir lourdement chargé la Chine, le FMI demande à l'Algérie de réévaluer son dinar et de desserrer son contrôle sur les opérations de commerce extérieur. Mais serait-il de l'intérêt de l'Algérie d'aller vers cette option ? Tous s'accordent à dire, le FMI et la Banque mondiale en premier lieu, que même si notre pays bénéficie de réserves de change importantes la croissance reste tirée par les hydrocarbures et la dépense publique, le tissu industriel est déstructuré et l'agriculture déficiente, créant une situation de forte dépendance des marchés extérieurs. Serait-ce du sur mesure ?