Le processus des privatisations en Algérie, selon les experts, connaît de plus en plus de lenteurs. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a réfuté toute idée de retard dans le processus tout en déclarant que "nous ne retardons pas les privatisations, mais nous ne sommes pas tenus non plus de liquider, coûte que coûte, nos entreprises. Nous voulons prendre notre temps", a-t-il déclaré dans un entretien publié dans la dernière livraison du magazine ''New African'' paraissant à Paris. A cet effet, Temmar a rappelé que "près de 500 entreprises, 417 jusqu'en 2007 et une trentaine en 2008, ont été privatisées". Ce rythme, selon le ministre, peut être accéléré parce que les entreprises sont prêtes et que les opérations pourraient durer deux ans, en tenant compte de l'évaluation de l'entreprise par le partenaire. Cependant, précise-il, "il y a un certain nombre d'activités économiques que nous ne voulons pas perdre et qui relèvent du secteur public". L'objectif de la privatisation en Algérie doit permettre à l'entreprise ''de miser sur le marché, sauver ses activités, former son personnel et créer des emplois'', a-t-il souligné. Le ministre a tenu à expliquer que ce n'est pas en cédant une entreprise publique à un privé qu'on fait de la privatisation et dira dans le même ordre d'idées, "nous avons des objectifs. La plupart du temps, dans les autres pays, une partie des recettes obtenues par la privatisation vont au Trésor et une autre est investie dans les équipements. Ce n'est pas le cas de l'Algérie". Dans ce sens, il a souligné la spécificité des privatisations en Algérie. "Les recettes pétrolières nous permettent d'avoir beaucoup d'argent. L'autre raison est que les privatisations doivent permettre d'alléger la dette de l'Etat. Là aussi, cela ne devrait pas poser de problème majeur car l'endettement extérieur de l'Algérie est quasiment nul. Nous avons 600 millions d'euros à rembourser", a-t-il indiqué. A propos du redéploiement du secteur public, Temmar a précisé que celui-ci "consiste en une sélection d'un certain nombre d'entreprises pour de grandes entités viables, où il y aura des avantages comparatifs absolus et indéniables, comme la pétrochimie, l'acier, l'agroalimentaire, la pharmacie, les engrais, la mécanique, le tourisme, les services et les NTIC". Ce sont ces secteurs, selon lui, que l'Etat va financer en partie, et pour lesquels l'Algérie, en quête de partenaires afin de les développer, précisant que l'objectif actuel est "de repérer les préférences des investisseurs suivant l'intérêt qu'ils recherchent : accès aux autoroutes, proximité des ports.... Enfin, dernier point dans cette hiérarchie des priorités, s'occuper des ressources humaines et des infrastructures". Pour ce qui est de l'attractivité de l'Algérie pour les investissements étrangers, Temmar a précisé que "l'économie algérienne est la plus libérale de tout le Sud de la Méditerranée. Le système légal et réglementaire, pour peu qu'on l'examine, le prouve". De ce point de vue, "les mesures de protection douanière, par exemple, sont inférieures à celles du Maroc, de la Tunisie ou de l'Egypte. Autre point : nous étions à 40% de l'impôt sur le bénéfice (IBS), il a été abaissé de 30% à 20%", a-t-il ajouté. "Les investisseurs qui s'intéressent à notre marché sont de grande taille. Avant même leur arrivée, nous nous informons auprès de l'ONUDI pour connaître leur identité, leur taille, etc. Nous avons affaire à des investisseurs de qualité. Nous ne nous plaignons pas", a précisé M. Temmar qui a estimé que "l'Algérie doit reprendre la place qui était la sienne. Nous sommes ambitieux pour ce pays. Il en a les moyens et les possibilités".