Le docteur Abderrahmane Mebtoul, expert international des questions stratégiques et pétrolières, dans une interview donnée à Algérie Radio Internationale pense que les enjeux sont stratégiques, et l'Algérie doit être très attentive sur les grandes questions qui touchent directement aux intérêts de l'Etat. L'expert s'est, en outre, penché sur les questions régionales et internationales, et la sécurité énergétique à travers le monde. Dans le chapitre énergétique, le docteur Mebtoul s'est étayé sur les mégaprojets initiés par l'Algérie et l'Union européenne. Selon lui, l'Algérie est un acteur incontournable dans l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Il citera le nombre de projets qui sont en cours de réalisation, à l'exemple du projet Medgaz qui est considéré comme le plus important avec une longueur de 1 050 km (550 en territoire algérien, 200 sous la mer et 300 en territoire espagnol). Grâce, en effet, à cette méga projet, le volume de gaz algérien sur le marché de l'Union européenne va être augmenté de 50 %. Le positionnement stratégique de l'Algérie, aussi bien dans le cadre d'association avec l'Union européenne que dans l'UMA, devrait découler du poids que représente cet atout. Le dernier forum euro-méditerranéen a, d'ailleurs, bien formalisé les priorités, à savoir intégrer les réseaux, favoriser les échanges énergétiques et promouvoir les énergies renouvelables dont le solaire, et l'Algérie pourrait être un grand exportateur vers l'Europe. Réserves mondiales et dépendance Le diagnostic que le conseiller énergétique fait sur les réserves mondiales montre que les 2/3 des réserves mondiales de gaz naturel, sont essentiellement concentrés en Russie (plus de 30% des réserves mondiales et au Moyen-Orient (Iran avec 15% et Qatar). Grâce à la découverte de nouveaux champs (notamment dans la zone Asie/Océanie) et à la réévaluation des champs existants en dehors de l'Europe, les réserves mondiales ont augmenté de 15 % depuis 2000. Les deux tiers des nouvelles découvertes de la période 2000/2004 sont des réserves offshore. L'évolution de la consommation mondiale serait, selon certaines prospectives, entre 2000 et 2030/2040, de 40 et 22% à 20 et 25% avec le retour du charbon 25% dont les réserves prouvées aux USA, représentent plus du double des réserves des hydrocarbures de l'Arabie Saoudite en terme d'efficacité énergétique. Les spécialistes de l'énergie estiment, que sur les réserves algériennes initiales prouvées d'environ 4600 milliards de mètres cubes, 80% d'entre elles sont récupérables alors que 15% ont déjà été exploitées. Environ 1000 milliards de mètres cubes supplémentaires sont considérés comme réserves probables. La Norvège, en 2007, a fourni 18% de la consommation européenne de gaz, la Russie 23% et l'Algérie environ 10%. Celle-ci, grace à la stratégie de Gazprom et de Sonatrach, aspire au rang de troisième fournisseur de l'Europe et occupe la deuxième place sur le marché européen avec l'extension de Medgaz, Galsi et le Nigal. L'Algérie occupe actuellement, la septième place dans le monde pour les réserves de gaz naturel et la quatrième pour ses exportations, derrière la Russie, le Canada et la Norvège. L'énergie au cœur des relations algéro-européennes Depuis le 12 juillet 2007, l'Algérie et l'Union européenne sont parvenues à un accord commun sur les dispositions relatives aux restrictions territoriales, qui permettra aux entreprises ressortissantes des Etats membres de l'UE de revendre le gaz algérien ainsi importé sur leur marché national ou à d'autres pays hors de leurs frontières. En contrepartie, Sonatrach pourra prétendre toucher une partie des profits sur les contrats d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL). De surcroît, Sonatrach pourra désormais vendre directement son GNL acheminé par pétrolier sur le marché européen. Par ailleurs dans ce cadre, un accord stratégique entre l'Algérie et l'Union européenne dans le domaine énergétique est en phase d'achèvement, aussi le projet, le Nigal notamment, permettra, d'ici 2015, date de sa mise en production, de fournir du gaz à l'Europe, dont la production connaîtra une baisse à cette échéance. Le développement des énergies renouvelables, notamment le solaire, dont le potentiel en Algérie est très important ,est également prévu dans cet accord stratégique . L'Algérie aux termes de cet accord bénéficie en terme de distribution de gaz sur le marché européen des "mêmes traitements que les compagnies étrangères qui activent en Algérie". En fait ce que demande l'Algérie c'est un partenariat gagnant -gagnant, une réciprocité équitable venant récemment d'ouvrir la distribution des hydrocarbures en 2008 aux investissements étrangers. Ce nouvel accord conforte la position de Sonatrach en tant que principal fournisseur de gaz naturel à l'UE. La géostratégiemondiale, Opep Gaz et la position de l'Algérie L'idée a été lancée par le Venezuela et l'Iran, pour des raisons politiques, les Russes ayant une position ambivalente selon la conjoncture politique, qu'à court terme une Opep gaz à l'instar du pétrole qui répond aux mécanismes boursiers était utopique car le marché gazier est régional, segmenté, avec la prépondérance des canalisations à la différence du marché pétrolier qui est un marché mondial. Cette position a été réaffirmé, officiellement par le ministre des Affaires étrangères algérien lors de la dernière visite du Président Abdelaziz Bouteflika en Iran. L'Algérie privilégiant actuellement une bonne entente entre les pays producteurs et les pays consommateurs selon un juste prix permettant d'amortir le capital avancé qui est extrêmement lourd et avoir un profit raisonnable du fait que c'est une ressource éphémère. Si demain, il y a généralisation des GNL (gaz naturel liquéfié) qui demandent d'importants investissements, alors on pourrait aller vers un marché Opep gaz, tout en rappelant que le prix du gaz est déjà indexé sur celui du pétrole. Entre 2006 et 2007 pour ne citer que l'Europe de l'Ouest, environ 80% de la demande de gaz a été satisfaite par le biais d'importations et notamment via le réseau de gazoducs. Selon la BP, le commerce mondial du gaz naturel est actuellement transporté par le biais du réseau de gazoducs (71,8%) contre 28,2% pour le transport par tankers de GNL. Pour le conseiller énergétique, l'actuel modèle de consommation énergétique menace l'humanité. En effet, la Banque mondiale a demandé au G8 de chercher un accord international sur les gaz à effet de serre et de créer des incitations pour étendre l'utilisation de l'énergie propre. D'où l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique qui impliquera de nouveaux rapports sociaux durant cette période de transition, et la prise en compte d'une nouvelle politique écologique pour protéger notre environnement avec le réchauffement climatique à travers les effets de serre (accord de Kyoto que les USA n'ont pas ratifié alors qu'ils sont les plus grands pollueurs).