Dans une interview accordée à la Radio France Internationale (RFI), le docteur Abderrahmane Mebtoul est revenu sur les enjeux de la visite du président de la République, Abdelaziz Bouteflika en Iran. Les relations bilatérales entre les deux pays, le dossier nucléaire et le gaz ont été les éléments clés autour desquels gravite son intervention. Le docteur Mebtoul a fait savoir, à propos des relations entre les deux pays, que l'Algérie entretient des relations cordiales avec l'ensemble de la communauté internationale dans le cadre du strict respect des principes de souveraineté qui régissent chaque nation et notamment avec les pays islamiques dont l'Iran. Concernant le lien existant entre le dossier nucléaire et la visite du chef de l'Etat, l'invité, en vue de donner plus d'éclaircissements, a souligné que cette visite d'Etat répond à une invitation officielle du président iranien. Pour ce qui se rapporte au dossier iranien, « l'Algérie entretient de bonnes relations avec les Etats Unis d'Amérique et l'Europe ce qui pourrait aider à débloquer ce dossier en litige avec la communauté internationale», tout en précisant que «l'Algérie, dans le cadre des accords qui la lient avec l'AIEA, a opté pour le nucléaire à des fins civils et économiques». Interrogé sur les grands axes de la coopération économique entre l'Algérie et l'Iran, Mebtoul est revenu sur la visite de Mahmoud Ahmadinejad en Algérie l'année passée où il a été évoqué le montage d'une usine de voitures. Par ailleurs, selon lui, l'Algérie s'étant lancée dans un vaste programme de soutien à la relance économique évalué par la loi de finances complémentaire 2008 à environ 200 milliards de dollars, et concernant le bâtiment- travaux publics, hydraulique, «les Iraniens du fait de leur expérience dans ce domaine sont intéressés pour participer à la réalisation de ce programme sans compter le domaine des hydrocarbures dont la pétrochimie». En outre, le docteur Mebtoul ajoutera sur le même volet que «l'Algérie souffre actuellement d'une accumulation du savoir-faire organisationnel et technologique, en dépit de son expertise en matière de liquéfaction de gaz et de transport par canalisation». Par ailleurs, le dernier rapport de BP donne un état de réserves par pays selon un cours d'environ 100 dollars le baril. Pour l'Algérie, «il est mentionné 20 ans de réserve de pétrole et plus de 40 ans de réserves de gaz ». Sonatrach, poursuit-il, tend à s'internationaliser puisqu'elle est déjà présente au Pérou, a des prises de participation en Espagne, se propose d'investir en Europe dont la France et dans d'autres contrées du monde. Pour l'Iran, c'est la même vision, car ce pays détient plus de 15% des réserves de gaz mondiaux, mais en partenariat, car il faut être réaliste, Sonatrach, selon le docteur Mebtoul, n'a pas la surface financière du géant russe Gazprom qui, selon la dernière déclaration de son P-DG à Paris se propose d'investir dans les 5 prochaines années plus de 1 000 milliards de dollars. Cela rentre donc dans le cadre d'un partenariat gagnant/gagnant afin d'anticiper l'épuisement des réserves futures. A propos de l'idée Opep gaz, l'invité de la Radio française a indiqué que le marché du gaz est un marché segmenté et régional, contrairement à celui du pétrole qui est un marché mondial répondant aux mécanismes de l'offre et de la demande au niveau des marchés boursiers. «Il est difficile, voire utopique à court terme d'imaginer une Opep gaz à l'image du pétrole». Pour les responsables algériens actuellement, il s'agit de privilégier une entente entre les pays producteurs et les pays consommateurs car la marge bénéficiaire, soit du GNL ou du GN, est extrêmement réduite ( bas prix et investissement très lourd) et ce afin d'avoir un taux de profit raisonnable. Avec les réseaux Algérie/Europe via l'Espagne et l'Europe via l'Italie, l'Algérie, selon Mebtoul, prévoit d'exporter 85/100 milliards de mètres cubes à l'horizon 2010/2012) sans compter l'important investissement du gaz provenant du Nigeria /Europe via l'Algérie. Elle entend ainsi, comme cela a été affirmé récemment par les autorités algériennes au commissaire européen à l'Energie, contribuer à la sécurité de l'approvisionnement de l'Europe en énergie dans le cadre d'un partage des risques et de la rentabilité des investissements nécessaires. Comme vous le savez, l'Europe dépend également actuellement de son approvisionnement de la Norvège et de la Russie et qu'il faudra compter avec la concurrence de nombreux acteurs émergents comme le Qatar, la Libye, l'Egypte et certains pays d'Afrique . Par contre, s' il y a généralisation des GNL ( gaz naturel liquéfié) devant représenter plus de 80% de la consommation mondiale, avec également la généralisation des méthaniers on pourrait alors imaginer ce marché mais ce n'est pas pour demain. Il est important de rappeler que le docteur Abderrahmane Mebtoul est professeur d'Université en management stratégique , ancien président du Conseil algérien des privatisations, président de l'Association algérienne de développement de l'économie de marché (Adem).