Les pays émergents sont sur le point de damer le pion aux pays industrialisés sur le marché mondial de capitaux. C'est la tendance que viennent de confirmer les éclairages de la Cnuced (commission des Nations unies pour le commerce et le développement) dans son récent rapport annuel. L'instance onusienne fait ressortir d'emblée le net décalage entre la théorie et la réalité du marché. En effet, la donne qui a toujours été mise en avant, à savoir, les pays occidentaux demeurent les principaux pourvoyeurs de capitaux et les pays émergents demeurent les principaux preneurs, vient d'être battue en brèche par la Cnuced pour laquelle, " les pays en développement sont des exportateurs nets de capitaux " tout en rejetant que l'ouverture des marchés de capitaux favoriserait les entrées de capitaux provenant des pays riches dans les pays pauvres. En effet, cette nouvelle tendance n'est pas moins pertinente lorsqu'on sait que les pays émergents sont sur le point de signer une entrée fracassante sur le marché international de capitaux. La démonstration a été faite en Algérie lorsque l'on sait que la plus grosse part des IDE (investissements étrangers directs) transférés vers le marché national sont originaires des pays arabes du Golfe, tandis que les investissements promis par les pays occidentaux, et tant attendus, ne sont pas arrivés à sortir du stade des intensions. Pour la Cnuced, rien n'est surprenant, à partir du moment où " ces modèles reposent sur l'hypothèse selon laquelle l'investissement est financé à partir d'un réservoir d'épargne créé essentiellement par l'épargne des ménages. En conséquence, l'investissement des entreprises sera optimisé par des politiques qui visent à accroître le taux d'épargne des ménages et les importations de capitaux, qui représente l'épargne extérieure (…)". L'analyse des experts de la Cnuced est remarquablement fondée avec des arguments puisés des théories classiques, néoclassiques et le principe keynésien ayant trait aux flux de capitaux. A partir de là, il n'est pas inutile de faire le lien direct entre l'analyse de la Cnuced, et la démarche prônée récemment par le FMI vis-à-vis des fonds souverains. En effet, dans sa démarche de limiter la marge de manœuvre de ces derniers en mettant au point son fameux " guide de bonne conduite pour les fonds souverains ", l'institution de Bretton Woods n'est pas moins consciente de la percée des capitaux des pays émergents sur le marché international et ne cache pas, en revanche, son intention de faire barrage à l'expansion de ceux-ci vers les économies occidentales. Sur un autre chapitre, l'étude faite par la Cnuced s'est penchée sur l'origine des capitaux destinés au financement des entreprises et des projets d'investissement : " On constate aussi que le crédit bancaire est la source la plus importante de financement extérieur des entreprises, en particulier des nouvelles entreprises et des petites et moyennes entreprises. Il est très important qu'une grande partie des bénéfices des entreprises soit réinvestie dans les capacités productives, au lieu de servir, par exemple, à l'achat de produits de consommation de luxe ou à des activités spéculatives ".