Le pétrole évoluait hier matin à ses plus bas niveaux depuis février dernier, autour de 93 dollars à Londres et sous les 97 dollars à New York. Plus précisément, le prix du baril a perdu près de 5 dollars en matinée, tombant jusqu'à 92,84 dollars à Londres et 96,31 USD à New York, niveaux qui n'avaient plus été vus depuis février. Les cours du pétrole ont chuté emportés dans la tourmente que la faillite de Lehman Brothers et le rachat de Merrill Lynch ont provoqué sur les marchés financiers mondiaux. Le marché pétrolier, comme les autres, réagit essentiellement au nouveau séisme financier provoqué par les problèmes des banques d'investissement américaines. L'ensemble du système financier américain apparaît menacé après que Lehman Brothers a dû déposer son bilan et le rachat de Merrill Lynch par Bank of America. Lehman Brothers, l'un des grands noms de Wall Street, a demandé à être placé sous le "chapitre 11" de la loi américaine des faillites, les prétendants à son rachat, le britannique Barclays et d'autre part Bank of América, ayant jeté l'éponge. Le gouvernement américain a, par ailleurs, refusé d'engager des fonds publics pour sauver l'établissement bancaire. Pour nombre d'analystes, l'annonce de la mise sous faillite de Lehman Brothers va accentuer la baisse du prix du brut en raison des conséquences de cette faillite sur l'économie réelle. Parallèlement, le New York Times rapporte que le premier assureur mondial AIG serait également en grandes difficultés et chercherait à se séparer de nombre d'actifs pour récupérer de l'argent frais. Mais pour le moment, AIG n'aurait pas trouvé de repreneurs. La disparition de Lehman et le rachat de Merrill Lynch pour un montant de 50 milliards de dollars interviennent six mois après la chute de Bear Stearns, racheté en urgence, mi-mars, par JPMorgan Chase & Co. Les trois sociétés figuraient auparavant parmi les cinq premières banques d'investissement du pays. "La tourmente sur les marchés financiers pèse sur l'atmosphère du marché et renforce la crainte que la croissance de la demande pétrolière ne s'affaiblisse", commentait Michael Davis, analyste de la maison de courtage Sucden. La crainte des retombées de l'aggravation de la crise financière sur l'économie et la demande pétrolière mondiales incite les investisseurs à se tourner vers des valeurs jugées moins exposées, l'or et les obligations, d'autant que les dégâts infligés par l'ouragan Ike aux installations pétrolières du Texas sont apparemment limités. Les compagnies pétrolières sont, de surcroît, en train de dresser un premier bilan sur les côtes texanes au lendemain du passage de l'ouragan Ike. Selon les premières indications, les raffineries de la région de Houston ne présentent pas de signe de dégâts majeurs, ce qui laisse augurer d'une reprise plus rapide que prévu de la production. D'autre part, au Nigeria, second producteur de brut africain, le Mend, principal groupe armé de la zone pétrolière du sud du pays, affirme avoir lancé, dimanche à l'aube, une "guerre du pétrole" suite à des attaques "non provoquées" et menace tous les navires pétroliers et gaziers qui s'approcheront du Delta du Niger.