L'Afrique est le premier bénéficiaire des efforts de développement déployés par les Nations-Unies dans le monde. Pourtant, la majorité des pays d'Afrique entrent dans le XXIe siècle alors qu'ils comptent parmi les moins avancés, les plus pauvres et les moins technologiquement développés du monde. Tout au long des années 90, les conflits armés et la pandémie du VIH/sida qui affecte près de 26 millions d'Africains et qui a fait baisser de plusieurs années l'espérance de vie moyenne des individus sur ce continent, ont annihilé les progrès péniblement obtenus lors de la décennie précédente. Aujourd'hui, 52 % des personnes qui vivent avec moins d'un dollar par jour se trouvent en Afrique, qui est aussi la région la plus endettée de la planète. Fort de ce constat et pour donner suite aux engagements de la Déclaration du millénaire, dans laquelle les dirigeants du monde ont consacré un chapitre destiné aux besoins spéciaux de l'Afrique, les Nations unies organisent en marge du débat général de la 63éme session de l'Assemblée générale deux réunions de haut niveau qui seront consacrées au développement de l'Afrique et aux Objectifs du millénaire pour le développement. Quelques 15 séminaires et ateliers, organisés par diverses agences et programmes de l'ONU, auront lieu en parallèle avec la table ronde officielle des chefs d'Etat et de gouvernement. Ils permettront à des chefs d'Etat, des chefs d'entreprises et des dirigeants d'organisations non gouvernementales de procéder à un large échange de vues sur un grand nombre de questions pressantes qui se posent à l'Afrique. En guise de préparation de ces réunions, Cheick Sidi Diarra, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique, estime dans une interview accordée à la Radio des Nations unies, " qu'il convient de donner plus d'importance au rôle social de l'investissement notamment dans les pays africains sans littoral et ceux ne disposant pas de matières premières. "En matière d'aide au développement, le Sommet de 2005 du Groupe des huit pays industrialisés (G8) s'était mis d'accord pour doubler l'aide au développement africain à l'horizon 2010. L'année suivante, l'aide publique au développement (excluant les sommes consacrées à la dette) n'avait globalement augmenté que de 8 %, et depuis, rapporte le SG de l'ONU, " les bailleurs de fonds prennent du retard ". Une plus grande partie de l'aide de l'Union Européenne va aujourd'hui à l'Afrique, atteignant 62 % en 2006, ceci bien que les engagements de l'UE aient globalement connu une légère baisse en 2007. Le Secrétaire général de l'ONU dans son rapport sur la question, propose que le financement extérieur du développement de l'Afrique monte annuellement de 72 milliards de dollars afin de soutenir la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). M. Ban Ki-moon rapporte également que " bien que la manière dont les bailleurs distribuent leur aide à l'Afrique ait fait des progrès, les programmes d'aide souffrent encore trop souvent d'un manque de coordination et ne sont que partiellement ciblés en fonction des priorités de développement des pays destinataires. " Ses critiques n'épargnent pas l'ONU qui a manifesté une tendance " à soutenir une prolifération des activités destinées à l'Afrique génératrice d'incohérence ". Il semble par ailleurs que la question de la dette est un des développements positifs. A la date de juillet 2008, 19 pays africains avaient obtenu des réductions substantielles de leurs dettes officielles envers les gouvernements étrangers et les institutions multilatérales. En conséquence, la dette publique globale de l'Afrique est tombée de 205,7 milliards de dollars en 1999 à 144,5 milliards de dollars en 2007. Le Secrétaire général des Nations-Unies prévient toujours dans son rapport que la dette privée a connu une lente dérive, passant de 92,4 milliards de dollars à 110,2 milliards de dollars sur la même période. Il recommande que l'allégement de la dette, soit élargi à d'autres pays africains. Selon Ban Ki-moon, l'amélioration des perspectives commerciales de l'Afrique est très réduite. Le cycle de Doha des négociations multilatérales sur le commerce international a atteint " un point critique ", note-t-il. En particulier, les pays africains insistent sur une réduction des subventions à l'agriculture de l'UE, des Etats-Unis, du Japon et du Canada qui ont atteint un total de 750 milliards de dollars depuis 2001 et qui ont fortement déprimé le prix des exportations agricoles africaines sur les marchés mondiaux. Il recommande instamment une réduction de ces subventions à l'agriculture ainsi que d'autres réformes dans le domaine des échanges afin d'améliorer l'accès aux marchés des exportations africaines. " Les pays africains doivent eux-mêmes faire plus pour accroître leurs revenus au niveau national et pour améliorer la productivité de leurs économies ", soutient le SG de l'ONU. Les gouvernements africains se sont engagés en 2003 à consacrer, avant la fin de 2008, 10 % de leurs dépenses publiques à l'agriculture et au développement rural afin de soutenir le programme de développement agricole du NEPAD. Jusqu'à maintenant, six pays africains seulement ont atteint cet objectif. De même, les gouvernements africains se sont mis d'accord en 2001 pour faire passer leurs budgets de la santé à 15 % des dépenses publiques. Seuls six pays ont atteint ce but.