Hugo Chavez et Mouammar Kadhafi ont lancé un appel à l'union de leurs deux régions pour établir un nouvel équilibre mondial, confortant le président Bouteflika qui a préconisé dans son discours “une plus grande démocratisation de la gouvernance mondiale, à travers une refonte du système des Nations unies et la nouvelle architecture financière internationale”. “Nous commençons à mettre en œuvre ce processus qui nous semble vital : l'union de l'Amérique du Sud et de l'Afrique”, a déclaré Hugo Chavez, en ouverture de ce sommet rassemblant une trentaine de chefs d'Etat des deux régions dans l'île vénézuélienne de Margarita (nord-est). Il souligne que “le monde du XXIe siècle sera multipolaire. On ne parlera plus de monde bipolaire. L'Afrique sera un grand pôle du XXIe siècle. Elle commence déjà à l'être et l'Amérique du Sud aussi. Nous formerons de véritables puissances et notre union contribuera à l'équilibre du monde”. Ce discours trouvera écho chez Mouammar Kadhafi, qui affirme de son côté : “Nous avons nos droits, dont celui de créer nos organisations pour notre propre développement”, tout en évoquant notamment la création d'une “Otan du Sud” d'ici 2011. Le leader libyen prônera dans la foulée une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, pour mieux représenter l'ensemble des pays membres de l'ONU, une position partagée par le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui revendique depuis longtemps un siège permanent au sein de ce conseil. Ce dernier ajoute : “Il n'y a pas de défi mondial que l'Afrique et l'Amérique du Sud ne puissent affronter ensemble, ni de défi qui puisse être affronté sans l'Amérique du Sud et l'Afrique.” Ces positions sont partagées par le président Abdelaziz Bouteflika qui a développé dans son intervention les domaines prioritaires sur lesquels doit se fonder le partenariat entre les deux ensembles. Le chef de l'Etat estime que ces domaines prioritaires constituent les défis posés aux pays des deux continents par, notamment, le contexte mondial actuel. Le premier axe prioritaire développé a trait à une plus grande démocratisation de la gouvernance mondiale, à travers une refonte du système des Nations unies et la nouvelle architecture financière internationale, à laquelle les pays du Sud doivent être véritablement partie prenante. Bouteflika explique que “ce sommet se déroule dans un contexte mondial marqué par les effets de la crise financière et qui pose, avec une acuité particulière, le problème de la régulation de l'économie mondiale”, et que “cette crise vient rappeler l'impérieuse nécessité d'une participation effective et équitable de nos deux ensembles régionaux, non seulement aux mesures destinées à surmonter les difficultés actuelles, mais également à la redéfinition même de l'architecture économique et commerciale internationale”. Il déplore qu'“il est politiquement injuste que, du fait de dysfonctionnements sur lesquels nos pays n'ont aucune emprise ou responsabilité, les efforts colossaux que chacun de nous a déployés pour son développement puissent être annihilés et que les moyens fournis pour tendre vers la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) deviennent sans effets”. Ceci étant, ce sommet Afrique – Amérique du Sud raffermit les liens entre les pays producteurs de pétrole et de gaz, et renforce l'idée de la mise en place d'un axe énergétique important, qui pourrait influer sur le marché mondial des hydrocarbures.