La région de Ghardaïa, à 600 km au sud d'Alger, a payé un lourd tribut mercredi, le premier jour de l'Aid El Fitr, aux pluies inhabituelles et diluviennes qui se sont abattues sur cette région semi désertique. Un bilan établi jeudi en fin d'après-midi par le wali de Ghardaïa fait état de 30 morts et 50 blessés dont deux encore hospitalisés, dans cette crue qualifiée de centenaire. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, qui s'est rendu sur place dès mercredi, a précisé que de 300 à 600 maisons au moins avaient été atteintes par ces inondations, notamment dans les oasis. Il a souligné que la priorité du gouvernement était d'abord de "porter secours aux populations qui sont toujours bloquées, les approvisionner en vivres et les loger". "Les boulangeries ne fonctionnent pas, il n'y a ni gaz, ni électricité, les magasins sont inondés et leurs stocks sont probablement inutilisables", a-t-il constaté. Des équipes travaillaient à rétablir progressivement la situation, a-t-il ajouté. Plusieurs routes ont également été coupées et les liaisons téléphoniques très perturbées. Selon les témoignages des citoyens de la vallée, tout a commencé lundi dernier ; la région a été frappée par des intempéries rares. Mardi, la pluie continuait à tomber et mercredi c'était le déluge. Les cours d'eau du nord de la ville surtout, les oueds, ont commencé à gonfler et se sont déversés dans l'oued M'zab qui a débordé, emportant tout sur son passage. Il y avait jusqu'à huit mètres d'eau dans les ruelles étroites de la ville et les habitants de la palmeraie de Ghardaïa ont dû se réfugier sur les terrasses des maisons ou sur les hauteurs. Un conseil interministériel s'est réuni, jeudi, pour évaluer les dégâts occasionnés par ces inondations et les besoins de la population. Zerhouni a précisé, lors de cette réunion, que les conditions météorologiques s'étaient améliorées à Ghardaïa, où des mesures ont été prises au niveau sanitaire pour éviter d'éventuelles épidémies à la suite des crues ayant pu polluer l'eau potable. Sur place, les secours s'organisaient, des équipes médicales et de secours partaient des régions voisins, notamment de Naâma, Djelfa et Laghouat. Plus de 400 tonnes de denrées alimentaires ont été acheminées et le ministère de l'Intérieur a envoyé plus de 200 000 couvertures, un millier de tentes, trois boulangeries mobiles, 50 groupes électrogènes et une station de traitement pour la production d'eau potable. L'armée a fourni les moyens aériens nécessaires pour le transport de cette aide et a commencé à sécuriser la zone pour éviter les pillages en particulier. Les secours continuent toujours Les équipes de secours poursuivaient, hier, les recherches dans les décombres des maisons qui se sont écroulées. La Protection civile ainsi que Croissant-Rouge algérien, les scouts musulmans ou les bénévoles ont aussi tenté d'organiser les secours pour le millier de sinistrés qui ont tout perdu dans ces inondations qui ont également fait 50 blessés et des dégâts considérables, selon un bilan encore provisoire donné hier matin par la Radio nationale. "Des centaines de maisons ont été détruites et des milliers sont endommagées et sont pour l'instant inhabitables dans la région. Nous n'avons rien pu emporter avec nous, nous n'avons eu que le temps de nous enfuir", raconte un habitant de El-Gaba, à 6 km du centre ville, devant sa maison remplie de boue, de goudron et de gravats divers. Des convois de camions transportant les produits de première nécessité sont cependant arrivés à Ghardaïa des villes voisines, distantes parfois de plusieurs centaines de km. Les services publics, eau, gaz, électricité, téléphone, sont en cours de rétablissement, selon la Radio nationale, mais l'accès à certains quartiers de la ville étaient encore très difficile en raison des décombres. Une cellule de crise, mise en place dès mercredi par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni était chargée de coordonner les secours, tandis que l'armée, qui a mis ses moyens aériens à leur disposition, continuait de sécuriser la zone en surveillant le trafic routier et contrôler les quartiers sinistrés pour éviter les vols et les pillages. Une enveloppe financière pour la prise en charge des victimes Le gouvernement a dégagé une enveloppe financière "non plafonnée" pour prendre en charge les victimes des inondations qui ont touché la wilaya. Selon le ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, M. Djamel Ould Abbès, en marge de la visite qu'il a effectuée aux services de cancérologie à l'hôpital de Birtraria et au CHU Mustapha-Pacha, à l'occasion de l'Aïd el Fitr, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a donné, jeudi lors de la réunion interministérielle consacrée à l'examen de la situation engendrée par les inondations qui ont touché Ghardaïa, des "directives fermes pour la prise en charge immédiate des victimes de la catastrophe naturelle et ce, en dégageant une enveloppe financière non plafonnée". Deux réunions interministérielles sont prévues aujourd'hui et demain pour examiner la situation et évaluer les dégâts occasionnés.