Les habitants de la région, qui s'apprêtaient à célébrer la fête de l'Aïd El Fitr, se sont réveillés avec un véritable cauchemar. Ghardaïa et sa région ont été le théâtre de violentes intempéries qui ont fait des dégâts énormes tant matériels que parmi la population. Après quatre années sans pluie, le M'zab a subi, en ces jours d'Aïd, un violent déluge qui a frappé toute la région, considérée comme le joyau de l'Atlas saharien. Pas moins de 30 personnes ont trouvé la mort, plus de 50 autres blessées et des centaines disparues. Au moment où nous écrivons ces lignes, ce bilan est encore provisoire. Tel est le résultat des pluies torrentielles qui se sont abattues sur la ville de Ghardaïa et la région du M'zab, mardi et mercredi derniers. Le premier bilan officiel, communiqué mercredi, faisait état de 13 morts et de 13 blessés. Quelques heures plus tard ce nombre a doublé. «Le chiffre qu'on m'a donné avant de quitter Alger était de 13 morts et un disparu. Mais on n'exclut pas malheureusement d'autres victimes», avait indiqué le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, qui s'est rendu sur les lieux. «Le survol que nous avons effectué sur place nous pousse à dire que le bilan pourrait être malheureusement plus important», avait ajouté M.Zerhouni. Ghardaïa continuait de compter ses morts. Hier, les opérations de recherche se sont poursuivies dans les décombres de nombreuses maisons écroulées. La région est sérieusement secouée. Les images diffusées au journal télévisé, donnent un aperçu de l'intensité de cette catastrophe naturelle. Les scènes filmées étaient à l'image des catastrophes naturelles qui ont secoué l'Indonésie et l'Amérique du Sud. Des précipitations de 900 mètres cubes seconde ont été enregistrées et ce, durant de longues heures. Selon les témoignages des habitants, les intempéries ont commencé lundi dans cette région. «La pluie a continué mardi, pas très forte, et mercredi c'était le déluge. Les cours d'eau du nord de la ville, surtout les oueds, ont commencé à gonfler et se sont déversés dans l'oued M'zab qui a débordé, emportant tout sur son passage», a raconté un habitant de Ghardaïa. Ce qui a provoqué des pertes en vies humaines et des dégâts matériels très lourds. Des centaines de maisons détruites, des voitures endommagées et des routes coupées. En l'espace de quarante-huit heures, la région du M'zab, située à 700km au sud d'Alger, a été recouverte de boue. Sur les 13 localités de la wilaya, 8 ont été, à divers degrés, touchées par le déluge. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a précisé que «300 à 600 maisons» au moins avaient été atteintes par ces inondations, notamment dans les oasis. Les habitants de la région qui s'apprêtaient à célébrer la fête de l'Aïd El-Fitr se sont réveillés avec un véritable cauchemar. Les inondations emportaient tout sur leur passage. Les quartiers et les petites ruelles se sont transformés en autant de cuvettes remplies d'eau. Le niveau des eaux a atteint jusqu'à huit mètres dans les ruelles étroites de la ville et les habitants de la palmeraie de Ghardaïa ont dû se réfugier sur les terrasses des maisons ou sur les hauteurs pour échapper au déluge. Pas moyen de circuler sur place. Les Ghardaouis qui n'ont pas vu la pluie depuis quatre ans, se sont retrouvés dans l'eau en plein automne. Plus qu'on ne l'imagine, il a fallu faire appel à de gros moyens pour mener les opérations de sauvetage. Des zodiacs et des hélicoptères ont été mobilisés pour évacuer les habitants des localités touchées. Des groupes électrogènes, des motopompes, des engins de déblaiement ont été dépêchés sur les lieux. Ainsi, des équipes médicales et de secours sont venues des wilayas voisines, notamment de Naâma, Djelfa et Laghouat, pour prêter leur concours aux opérations de sauvetage. Au regard des retombées induites par cette catastrophe naturelle sur la région, un Conseil interministériel a été convoqué en urgence, ce jeudi, pour prendre les mesures nécessaires. Le ministre de l'Intérieur a rappelé que la priorité du gouvernement dans ce genre de situation est d'abord de «porter secours aux populations qui sont toujours bloquées, les approvisionner en vivres et les loger». «Les boulangeries ne fonctionnent pas, il n'y a ni gaz, ni électricité, les magasins sont inondés et leurs stocks sont probablement inutilisables», a-t-il en outre ajouté. M.Zerhouni a, dans ce contexte, instruit les autorités locales d'approvisionner les populations en denrées de première nécessité. Une opération qui, a-t-il souligné, a déjà commencé, grâce aux wilayas limitrophes, le ministre indiquant par ailleurs que les routes de Laghouat et Ouargla qui ont été coupées, sont de nouveau ouvertes à la circulation. Il y a lieu de rappeler que les intempéries en Algérie sont fréquentes, surtout dans le nord du pays, et souvent violentes. En novembre 2001, les inondations de Bab El Oued ont fait plus de 800 morts et provoqué des dégâts considérables. Par ailleurs, après une amélioration des conditions météorologiques constatée jeudi, la pluie sera de retour à partir d'aujourd'hui dans cette région, indique la météo. Le calvaire de la population est loin de connaître son épilogue.