Vingt années sont passées depuisles évènements du 5 octobre 1988, et la question se pose toujours de savoir quels en étaient les fondements. Divers concepts ont été avancés pour structurer la réflexion autour de ces évènements et il faut bien le dire, les diverses explications données, principalement celles qui prétendaient refléter la réalité et qui n'ont pas intégré le souci des incertitudes et de l'existence d'autres visions, reflètent en fait les positions politiques de leurs auteurs par rapport au pouvoir.Vent de démocratisation appuyé par des émeutes ? Peut être ne bénéficions-nous pas assez de recul pour confirmer ou infirmer cette thèse ? Exacerbation des contradictions au sein du pouvoir et manipulation de l'opinion publique et plus particulièrement des jeunes pour qu'un "clan" ou courant au sein du système en soit discrédité afin de provoquer un rééquilibrage des pouvoirs ou des intérêts ?Tentative par des acteurs non identifiés de créer les conditions d'une anarchie qui paralyse l'exercice du pouvoir et le fonctionnement des institutions afin de se porter disponibles pour être le recours, c'est-à-direse saisir du pouvoir ?Réactions "spontanées" des populations à la grave crise financière du pays consécutivement à la conjonction entre la baisse drastique du cours du baril de pétrole, les pénuries des éléments alimentaires essentiels à la consommation, l'arrivée à échéances du remboursement des dettes dans un contexte où l'Algérie ne pouvait pratiquement pas couvrir celles-ci tout en faisant face à la fois aux importations en matière de produits alimentaires et à celles des équipements pour le fonctionnement de l'appareil industriel.Enorme déception de masse quand il était rappelé que le président avait déclaré solennellement et officiellement que l'Algérie était définitivement mise à l'abri de toute crise financière internationale ?Il faut cependant rappeler que les évènements d'octobre 88 étaient survenus dans un contexte mondial de convergences vers la démocratie, peu avant la "pérestroïka" et la "glasnost" qui s'annonçaient dans l'ancienne Union soviétique, et même peu avant l'effondrement du mur de Berlin, ce qui avait permis à certains observateurs nationaux et étrangers de soutenir que c'est le vent de la démocratisation qui soufflait dans le monde et qui avait fait escale en Algérie.Vent de démocratisation ? Manipulation à l'intérieur même du système ? Soulèvement des populations pour plus de justice sociale, pour plus de droit à la parole, pour une combinaison des deux, à savoir plus de démocratie et plus de justice sociale ? Manipulation pour se débarrasser de ceux qu'on nommait à l'époque "des dinosaures" ou les conservateurs pour supprimer tous les obstacles à la mise en œuvre des réformes dont on disait que celles-ci étaient nées à la présidence de la République en 1986, soit au moment de la crise financière en Algérie justement alors qu'au plus haut de l'Etat, l'assurance était donnée aux populations que le système économique national, non seulement résisterait mais en plus qu'il n'existait pas le moindre risque qu'une crise mondiale aurait des répercutions sur notre pays.De toute façon, le pouvoir de l'époque semblait craindre que les émeutes ne durent trop longtemps.Il y en avait même qui voulaient discréditer la jeunesse en mettant en relief les saccages et les vols dans les "galeries" alors que partout dans le monde, il y en a toujours qui profitent des émeutes pour faire de la casse et du pillage des grands magasins et cela ne devrait pas être une raison de généraliser ou de réduire un mouvement. Quand bien même il y a eu donc et il y a, à ce jour, un foisonnement de thèses explicatives, il n'en demeure pas moins qu'il y a eu des récupérations.