Docteur Abderrahmane MEBTOUL Expert International Professeur en management stratégique Le Congrès américain vient de rejeter le plan Busch n'étant pas parvenu à un accord de 700 milliards de dollars qui avait prévu qu'ils seraient déboursés en plusieurs tranches. Le compromis trouvé entre les républicains et les démocrates qui précisons le s'inscrivaient tous deux dans l'optique de l'économie libérale, était de réduire les rémunérations exorbitantes des dirigeants des grandes sociétés et de racheter les actifs douteux des institutions bancaires en revendant revendre ces titres quand le marché sera plus stable les contribuables pouvant ainsi récupérer une partie de ces actifs s'ils prennent de la valeur. Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz en 2001 estime que ce plan "n'est qu'une solution à court terme". Comme aucun investisseur privé ne veut des placements à risque, "on les colle au contribuable). Cependant ces mesures, bien avant l'annonce du rejet qui a précipité les valeurs boursières américaines de Waal Steeet, ont été loin de calmer les marchés fianciers évoluant en forte baisse ce début de semaine (Parsi, Francfort, Londres) , se propageant à l'Asie , bourse de Hong Kong et Tokyo et depuis le lundi 29 septembre 2008, la crise financière américaine s'est propagée à l'Europe. La banque britannique Bradford and Bingley va être nationalisée. Au Royaume-Uni, c'est la quatrième institution qui se retrouve le dos au mur cette année, après Northern Rock, Alliance & Leicester et HBOS, qui va être achetée par sa rivale Lloyds TSB. La Belgique, le Pays-Baset le Luxembourg ont annoncé à l'issue d'une réunion de crise la nationalisation partielle du bancassureur Fortis en apportant 11,2 milliards d'euros. Au Danemark, la banque Roskilde Bank a été rachetée par trois instituts financiers et Bonus Bank par Vestjysk Bank qui fusionne avec un autre institut régional. La banque allemande Hypo Real Estate (HRE) a décroché une ligne de crédit de "plusieurs milliards d'euros" auprès d'un consortium de banques allemandes qui lui permet d'éviter la faillite. Et il semble que ce n'est pas terminé ce qui impliquera nécessairement un réexamens rapide , sous une forme modifiée, par le Congrès américain si l'on veut évier une crise pus grave que celle de 1929. I- Crise financière et impact sur l'économie réelle
De ce fait, la croissance mondiale devrait fortement chuter en 2009 selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) qui, plus pessimiste que les autres institutions, prévoit un ralentissement "marqué" et "prolongé" de 2,9% en 2008 à quelque chose proche de 1 à 1,5% en 2009", Il est rejoint par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) qui table sur une croissance de 1,4%. Début septembre 2008, le Fonds monétaire international (FMI) revoyait à la baisse ses prévisions de croissance mondiale, mais les situait encore à 3,9% pour 2008 et 3,7% pour 2009. Et les pays asiatiques comme la Chine qui tirent la croissance de l'économie mondiale risquent de subir brutalement cette récession et certains analystes prévoient en cas de persistance de la crise économique mondiale une crise politique en Chine, comme ce fut le cas en Indonésie en 1998. " La crise du capitalisme américain pourrait avoir raison du communisme chinois. ". Aussi, cette crise va se transmettre à l'économie réelle, les banques ayant restreint leurs crédits, et les consommateurs évitant l'endettement, vont consommer moins. Car tout système économique et financier fiable repose sur la confiance. Avec les banqueroutes répétées, le crédit interbancaire source de l'expansion de l'économie mondiale tend à s'assécher surtout au niveau des banques d'affaires qui ont connu une expansion inégalée. Or, à la différence d'une banque universelle, une banque d'affaires n'a pas la possibilité, en cas de conditions de marché difficiles, de s'appuyer sur les dépôts de particuliers pour lever des fonds pour le court terme, bien qu'elles continuent à émettre des dettes à court terme pour financer leur activité. Or, de plus en pus les établissements financiers auprès desquels les banques d'affaires se refinancaient refusent aujourd'hui de prêter par manque de confiance dans la capacité de remboursement de ces banques. C'est cette situation qui a poussé récemment le FMI a adoucir sa position vis-à-vis des fonds souverains comme soupape de sécurité et la FED à injecter 180 milliards de dollars de liquidités sur les marchés et à étendre les accords de "swaps" avec ses homologues européenne, japonaise, britannique et suisse..C'est que l'accord swap permet aux banques centrales de se prêter réciproquement des liquidités à court terme, lorsque l'une ou l'autre en a besoin pour stabiliser le système financier de son pays.. Comme cette crise explique également la politique de la réserve fédérale américaine après avoir baissé à maintes reprises entre 2004/2007 son taux d'intérêt directeur ayant décidé récemment à l'instar de la banque centrale européenne de le laisser inchangé à 2 %, préfère concentrer ses efforts sur l'injection d'un maximum de liquidités pour stabiliser le secteur financier mondial en crise. Ainsi le 29 septembre 2008 la Réservefédérale américaine a décidé outre d'injecter davantage de dollars sur son marché (ses lignes de crédit proposées aux enchères (TAF) à 28 jours et à 84 jours vont être doublées à 300 milliards, contre 150 milliards actuellement) de doubler, à 620 milliards de dollars, les fonds qu'elle met à la disposition des banques centrales étrangères afin que celles-ci puissent prêter des dollars aux banques de leur zone. Elle a été suivi par la BCE avec le doublement de ses accords d'échanges de liquidités portés de 120 à 240 milliards de dollars avec son homologue américaine, la Fed, pour apaiser les tensions sur les marchés financiers.Car, après le rachat de Bear Stearns par JP Morgan, la mise en liquidation de Lehman Brothers, le rachat de Merrill Lynch par Banc of America, le modèle américain des banques d'investissement est en phase de connaître une nouvelle reconfiguration. C'est à ce titre, qu'il est utile de rappeler que de la banque centrale américaine, devant les difficultés de Lehman Brothers, d' apporter une aide de 85 milliards de dollars à l'assureur AIG( ex numéro un des assurances au niveau mondial ) pour éviter une crise financière planétaire car AIG compte 74 millions de clients dans le monde, employant 116.000 personnes dans 130 pays. Mais en contrepartie, l'ensemble des actifs d'AIG, qui se montaient à 1.050 milliards de dollars à juin 2008, seront apportés comme garantie à la banque centrale, le prêt ayant été calqué sur celui consenti pour sauver le constructeur automobile Chrysler dans les années 80.. C'est dans ce cadre également que rentre le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars signalé précédemment qui dépasse les montants cumulés des budgets de la Défense, de l'Éducation et de la Santé, coûtant plus cher que la guerre en Irak. Étalés sur deux ans, ces rachats permettraient aux banques de nettoyer leurs bilans d'actifs dévalorisés et de relancer l'offre de crédit indispensable au redémarrage de l'économie mondiale.
II- L'impact sur l'économie algérienne
Si elle devait à persister la crise financière aurait les impacts suivants intiment liés. 1-.Les Etats-Unis étant les plus grands débiteurs de la planète, au final on verrait le dollar déclassé avec l'accroissement du déficit budgétaire américain ce qui entraînera une poussée inflationniste. L'Algérie exportant à 98% en dollars et important presque tout dont plus de 50% en euros il y a aurait un amoindrissement des recettes en devises. 2-. Deuxième impact- plus de 43 milliards de dollars des réserves de change en Algérie environ 1/3 des réserves placés en bons de trésor américain à un taux d'intérêt de 2%, le dérapage du dollar, plus de 45% ces six dernières années en référence à l'euro, et l'inflation supérieure à 3% entraîne une dépréciation importante de ces montants, l'Algérie ne gagnant rien mais perdant avec un t aux d'intérêt négatif. Sans préjuger selon les analyses qui prévoient en cas de persistance de la crise que la bulle financière atteindrait les bons de trésor américain ce qui serait catastrophique pour l'Algérie. 3-. Troisième impact sur les autres montants placés dans des banques internationales dites bien cotées AAA. En effet, le Ministre des Finances algérien devant le parlement a affirmé en 2007 qu'un montant des réserves de change a été placé auprès de ces banques, sans préciser le niveau. Or devant la gravité de la situation , il appartient au gouvernement algérien à l'instar des autres gouvernements dans le monde qui ont une communication transparente, de préciser le montant exact et si avec l'actuelle crise , ces banques sont ou ne sont pas touchées par la banqueroute. 4-. Quatrièmement, la récession de l'économie mondiale prolongée entraînerait inéluctablement une baisse de la demande mondiale des hydrocarbures (les économies asiatiques étant fortement connectés à l'économie mondiale) et par là une chute du cours du brent , le prix de cession du gaz déjà sous évalué " de 50% par rapport au cours du brent , et donc un manque à gagner pour l'Algérie. 5-. Cinquième impact, les poussées protectionnistes et certainement un relèvement des taux d'intérêts un ralentissement net du rythme de l'investissement étranger porteur. 6-.Sixième conséquence, l'Algérie important presque tout (montant allant vers 40 milliards de dollars /an fin 2008/2008), au niveau mondial, cette poussée inflationniste mondiale aurait des répercutions sur la valeur des importations .Pour preuve L'indice FAO des prix alimentaires montre une hausse de 12% en 2006 par rapport à l'année précédente, de 24% en 2007 et de 50% prévision de l'année 2008. 7-Enfin, malgré l' embellie financière due aux recettes des hydrocarbures et non à une bonne gouvernance, ( plus de 133 milliards de dollars de réserve de change), avec la mauvaise gestion ( 40 milliards de surcoût du programme de soutien à la relance économique estimé à plus de 200 milliards de dollars us ) , l'envolée des dépenses improductives ( plus de 38 milliards de dollars d'importation en 2008), l'Etat serait forcer de diminuer les transferts sociaux estimés à 10 milliards de dollars (moyenne 2007/2008) dont plus de 1,5 milliard d'euros pour les subventions des produits de première nécessité en 2008. Cela amenuiserait le pouvoir d'achat de la majorité accentué par la concentration excessive du revenu au profit d'une minorité rentière comme l'atteste les plus de 3000 euros de salaire mensuel aux députés, alors que le SMIG ne dépasse pas 120 euros. III- Conclusion repenser tout le système financier mondial
A la lumière des analyses précédentes, je pense que tout le système financier doit être repensé en mettant en place de nouvelles régulations supranationales, la mission des autorités étant d'empêcher la formation de bulles financières. Il y a urgence de plus de moralité tant des dirigeants entreprises que politiques, d'une nouvelle génération de leaders .au niveau de la société civile, des sphères économiques et politiques, de synchroniser la sphère réelle et la sphère financière, cette déconnection au niveau mondial traduisant des richesses artificielles avec cette financiarisation croissante, car la monnaie n'est qu'un signe monétaire, autant que les réserves de change , facilite les transactions , mais n'est pas l'essence du développement.Car à défaut de s'attaquer à l'essence de la crise, (la dette de l'ensemble du marché américain s'élève déjà à 15 000 milliards de dollars) qui est le système dans son ensemble, selon les analyses financiers ; le gouvernement américain serait contraint de continuer à jouer les pompiers et aurait à trancher entre deux méthodes. La première consisterait à soutenir les banques, en augmentant leurs fonds propres ou en leur accordant des prêts longs pour résorber les décalages de maturité dans la dette. La deuxième serait d'aider les emprunteurs à rembourser leurs échéances, soit en allégeant directement le montant, soit en libérant l'inflation. Si la stratégie du fonds de secours s'avère gagnante, le déficit budgétaire des Etats-Unis augmentera. Si ce n'est pas le cas, le déficit sera encore plus important et avec les risques inflationnistes et un dérapage de la valeur du dollar. Ainsi le dollar serait déclassé par rapport aux devises fortes, alors qu'il représente comme unité de compte en 2007/2008 plus de 70% des transactions mondiales. La méfiance notamment des pays qui possèdent d'importantes réserves de change en dollars (dont la Chine) accélèrerait sa dépréciation. Or jusqu'à, présent les Etats-Unis d'Amérique reste la première puissance économique mondiale bien qu' 'en baisse relative. Et comme dit l 'adage et la crise financière actuelle est là pour le démontrer lorsque les USA tousse, l'ensemble du monde a la grippe, certes dont la gravité varie de pays à pays. Pour le cas Algérie, la crise étant mondiale, l'erreur de la mentalité bureaucratique, en panne d'idées, serait de vouloir revenir au volontarisme et au dirigisme bureaucratique des années 1970, confondant régulation de l'Etat, (le chef d'orchestre) primordiale en économie de marché et retour à l'étatisme, ce qui ne ferait qu'accélérer la crise multidimensionnelle que vit dramatiquement la société algérienne. Car, au moment où tous els dirigeants de la planète y compris les pays émergents et les pays les plus pauvres s'inquiètent de leur avenir, nous assistons à un silence étonnant de la part de nos dirigeants comme si cela ne nous concernait pas. Non, Messieurs, évitons certes toute sinistrose, mais également cette autosatisfaction source de névrose collective, car cette crise concerne au pus haut point le devenir de l'économie algérienne.
Abderrahmane MEBTOUL (NB- Voir - Interviews sur la crise financière mondiale de Abderahamne Mebtoul à la radio algérienne chaîne III 25 septembre 2008, aux quotidiens arabophones El Chorouk 10 septembre 2008( un cours du baril à moins de 80 dollars et son impact ) ElMassar Arabi 27 septembre 2007,El Khabar 30 septembre 2008 et au quotidien francophone le Maghreb édition du 30 septembre 2008.