A quatre semaines exactement du scrutin présidentiel du 4novembre, Barack Obama et John McCain se sont retrouvés à Nashville (Tennessee), mardi 7 octobre, pour leur deuxième débat télévisé, dominé une fois de plus par la crise. Depuis leur première confrontation, la situation économique du pays aévolué : le plan de relance de l'administration Bush a été adopté après beaucoup d'atermoiements, mais la crisefinancière s'est répandue. Une chose est désormais sûre, le prochain président américain devra yfaire face, et elle aura des effets sur les promesses économiques formulées pendant la campagne. Mardi soir, les deux prétendants à la Maison Blanche ont exposé des approches différentes pour en venir à bout. Alors que les Bourses continuent à chuter et que l'économie est désormais incontestablement la première préoccupation des électeurs américains, la première heure de cette agora a été entièrement consacrée à ce thème. Pour Barack Obama, la crise financière actuelle est "la pire depuis la crise de 1929" et représente le "verdict de la politique économique erronée de ces huit dernières années, que John McCain a soutenue". Le candidat démocrate a promis davantage de régulation, notamment des mesures contre les parachutes dorés, afin de privilégier la classe moyenne plutôt que Wall Street. Estimant que les Américains sont "en colère, blessés, un peu effrayés" et n'ont plus confiance en leurs institutions, John McCain a fait une nouvelle proposition en faveur de cette même classe moyenne : racheter les prêts immobiliers (subprimes) que les ménages américains ne parviennentplus à rembourser, pour mettre un terme aux saisies et aux expulsions. "Nous allons devoir stabiliser la valeur des logements pour que lesAméricains puissent vivre le rêve américain et rester dans leur maison",a-t-il lancé, sans pour autant préciser comment il comptait financer une telle mesure. Sa campagne a par la suite assuré qu'elle coûterait 300 milliards de dollars (221 milliards d'euros) et pourrait être financée dans le cadre du plan Paulson. Les attaques qui ont ponctué la campagnedepuis quelquessemaines étaient absentes au début du débat, les deux hommes étantglobalement d'accord pour venir en aide à la classe moyenne. Mais les échanges musclés n'ont pas tardé à faire leur apparition. Répondant àune question sur l'efficacité du plan de relance, que les deux candidats ont préféré qualifier de "plan d'aide", John McCain a accusé Barack Obama et "ses associés" d'avoir reçu des dons de la part de Fannie Mae etFreddie Mac, les géants du refinancement hypothécaire qui ont fait faillite. Le démocrate a répondu en rappelant les liens plus que douteux entre Rick Davis, directeur de campagne de M. McCain, et ces institutions. Mais c'est sur le thème des impôts, et plus globalement celui des dépenses publiques, que les candidats ont clairement montré leurs divergences. John McCain s'est efforcé de présenter son adversaire comme un partisan des hausses d'impôts, alors que lui défend une baisse générale. "Fixer les différentes propositions d'impôts du sénateur Obama, c'est comme vouloir clouer de la gélatine sur un mur", a lancé le républicain, expliquant que son rival allait, dans ce contexte particulièrement difficile, augmenter les impôts de près de la moitié des PME. Barack Obama a continué à rappeler les liens entre le sénateur del'Arizona et l'administration Bush : il l'a accusé de vouloir continuerle programme de l'actuel président, qui favoriseraitles classes aisées, et affirmé qu'il comptait pour sa part baisserles impôts pour 95 % des Américains. Seuls ceux gagnant plus de 250 000dollarspar an seraient affectés par une augmentation de leur fiscalité, a-t-il assuré, alorsque les mesures de John McCain offriraient par exemple aux PDG des grandescompagnies une baisse de la fiscalité de 700 000 dollars. Pour ce qui est des priorités, John McCain a refusé de répondre à la question du journaliste Tom Brokaw, qui cherchait à savoir s'il comptait privilégier l'éducation, l'énergie ou la protection sociale. Barack Obama n'a pas hésité à énumérer les siennes : l'indépendance énergétique, en premier lieu un plan de 15 milliardspar an pendant dix ans assurerait l'indépendance vis-à-vis du pétrole duMoyen-Orient , avant une réforme de la Sécurité sociale, puis l'éducation. Le candidat républicain a également répété qu'il pourrait geler toutes les dépenses publiques, excepté certains programmes de défense nationale et d'allocations. Autre point d'achoppement majeur, la protection sociale. Si les deux hommes sont d'accord sur la nécessité d'une réforme, ils diffèrent sur la méthode. Une vision différente, voire opposée, qui est apparue quand Tom Brokaw leur a demandé si la Sécurité sociale était "une responsabilité, un droit ou un privilège" : "un droit" pourM. Obama et "une responsabilité" pour M. McCain. Quant à la politique étrangère, abordée pendant la dernière demi-heure, ni l'un ni l'autre n'ont proposé de nouvelles idées, même si les échanges ont été parfois violents.