A quelques heures d'une réunion d'urgence des grands argentiers du G7 à Washington, les principales places boursières d'Asie et d'Europe se sont effondrées, vendredi, dès l'ouverture de la dernière séance d'une semaine terrible pour les investisseurs. A Paris, le CAC 40 s'est enfoncé très rapidement, ouvrant à - 6,36 % puis tombant jusqu'à - 10,02 % en moins de dix minutes, avant de remonter quelque peu. Francfort et Londres connaissaient des chutes similaires. Le DAX ouvrait à - 5,99 % et plongeait au-delà des 10 %, quand Londres, qui avait commencé presque à l'équilibre à 0,06 %, tombait à - 10,20 %, sous les 4 000 points, pour la première fois depuis 2002. Les autres Bourses européennes de Milan à Amsterdam et de Lisbonne à Athènes subissaient des pertes semblables, tandis qu'à Moscou, les autorités ont préféré carrément ne pas ouvrir les deux marchés, le RTS et le Micex. Même scénario en Asie où Hong Kong a perdu 7,2%, Sydney et Manille 8,3%, Singapour 7,34% et Bangkok 9,61%. Même la bourse chinoise de Shanghai, pourtant jusqu'à maintenant préservée, perdait 3,57%. "On dirait que la Bourse chinoise a finalement perdu pied, après avoir réussi à résister à la crise financière pendant quatre séances", a indiqué l'analyste Zhang Qi de Haitong Securities. Après les journées noires de lundi et mercredi, les grandes Bourses affichent donc des reculs dignes de la définition informelle du krach, une baisse des cours de plus de 20% en quelques jours, qui justifient les comparaisons avec les crises de 1929 et 1987. Force est de constater que ni la multiplication des mesures et garanties gouvernementales en faveur du secteur bancaire ni l'annonce mercredi de baisses de taux concertées des sept grandes banques centrales n'ont suffi à rassurer un marché fébrile, paniqué par la propagation de la crise financière et ses répercussions économiques. La réaction des marchés "montre que le ralentissement de la croissance économique devient un motif d'inquiétude et que les investisseurs sont confrontés à une énorme inconnue, ce qui pourrait être une profonde récession, relèvent dans une note les analystes de Global Equities. Le krach et ses menaces mettent la pression sur la réunion des ministres de l'Economie et des Finances et des gouverneurs des banques centrales des sept pays les plus industrialisés (G7) qui devait s'ouvrir hier à Washington à 14H00 (18H00 GMT). Ils devaient "discuter des démarches entreprises par chacun" et des "moyens de renforcer nos efforts collectifs", a indiqué le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson. Celui là même donc le plan de soutien au secteur financier, adopté il y a une semaine aux Etas-Unis, est resté impuissant à ramener la confiance des investisseurs, à l'image des nationalisations partielles décidées par Londres mercredi et des baisses de taux lancées mercredi par six grandes banques centrales. Pourtant, l'urgence d'un message assez puissant pour calmer les marchés de façon plus profonde se fait sentir d'autant plus chaque jour. Cependant, trouver une voie commune semble effectivement relever de la mission quasi-impossible pour ces pays, chacun ayant déjà plus ou moins lancé sa propre solution. Les Etats-Unis ont adopté le plan Paulson, tandis que chaque pays européen du G7 est allé vers sa propre solution pour soutenir ses banques. Pour sortir de la crise, la confiance doit revenir, aussi il va falloir des actions gouvernementales concertées.