La crise financière s'est aggravée, mais il ne devrait pas y avoir en Europe de faillites bancaires comme celle de Lehman Brothers, a expliqué jeudi, à France 24, Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI). " Les banques européennes n'ont pas que des activités d'investissement, elles sont universelles. Elles auront des pertes, mais pour autant ne seront pas par terre ". Dans la gestion de la crise, Strauss-Kahn insiste sur le rôle de conseil aux gouvernements du FMI. Le Fonds monétaire international, a-t-il déclaré, a suggéré au gouvernement américain, il y a des mois, de racheter les créances douteuses et de prendre des participations partielles pour aider les banques dans leur recapitalisation, c'est le principe du plan Paulson adopté récemment. "Nous avons suggéré aux Américains de mettre en place le plan Paulson. Ils ont été longs à réagir, mais finalement ils l'ont fait". " La crise se répand sur l'ensemble de la planète " L'intervention du FMI dans la crise actuelle est différente de son action pendant la crise argentine. "Ces crises étaient des crises de monnaies", a-t-il expliqué, "alors qu'aujourd'hui on assiste à une crise des systèmes bancaires, c'est-à-dire à la marge des activités du FMI. Mais on a tout de même conseillé les gouvernements, on leur a dit de recapitaliser les banques. J'ai activé les procédures d'urgence du FMI. La crise n'est pas limitée aux pays originaires, mais elle se répand sur l'ensemble de la planète. Les pays ne trouvent plus de financement". Comme il l'avait déjà fait un peu plutôt lors d'une conférence de presse, Dominique Strauss-Kahn a expressément demandé aux pays européens de mieux coordonner leurs politiques. "On comprend humainement que les Européens agissent chacun de leur côté, mais regardez avec l'Irlande, cela a créé un appel d'air, entraîné des flux de capitaux. C'est déstabilisant". Quant à l'intervention concertée des banques centrales, "c'est bien qu'elles aient agi de manière concertée, mais ce n'est qu'un élément, il faut mettre en place d'autres éléments pour rassurer", a-t-il estimé. "Aujourd'hui, tout est gelé, il faut arriver à décoincer la situation". Le patron du FMI est favorable à la proposition du Premier ministre britannique Gordon Brown de garantir les prêts interbancaires. "C'est révolutionnaire et c'est une idée que je soutiens. Il faut que le prêteur ait à nouveau confiance en l'emprunteur". Un nouveau Bretton Woods ? Le patron du FMI participe à la réunion du G7, qui a démarre vendredi. Il compte parler du problème central de la coordination. Il apportera aussi des éléments de discussions sur les politiques économiques. "Je suis sceptique sur leur efficacité tant qu'on n'est pas revenu à la confiance". Il est également revenu sur la nécessité du plan Paulson et des plans de sauvetage des banques. "Il y a beaucoup d'expérience où le contribuable s'y est retrouvé. Dans les pays scandinaves, il a fait des bénéfices. Si tout est bien mené, cela peut marcher". DSK souhaite enfin que les leçons soient tirées de la crise financière. Un nouveau Bretton Woods ? L'idée lui parait excessive car on ne part pas de zéro comme après la guerre. "Il faut faire en sorte qu'au lendemain de la crise, on n'oublie pas la crise, il faut mettre en place une réorganisation du système. Les institutions doivent s'adapter à la mondialisation d'aujourd'hui".