L'Onu fera tout pour prévenir un élargissement du conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a déclaré le chef de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc), Alan Doss. S'exprimant au lendemain d'accusations de Kinshasa faisant état de l'incursion de troupes rwandaises ces derniers jours dans cette région troublée, il a invité les deux pays à se parler pour éviter la guerre. "Les Rwandais sont en effet ici. Ils veulent désormais prendre Goma", avait déclaré jeudi à Reuters le chef de la diplomatie de Kinshasa, Antipas Mbusa Nyamwisi. A Kigali, le gouvernement rwandais a rejeté l'accusation en la taxant de "ridicule". Bien que la présence de troupes rwandaises dans l'est de l'ex-Zaïre n'ait pu être jusqu'à présent confirmée de source indépendante, le Congo-Kinshasa a réclamé la réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu pour débattre sur l'incursion dont il accuse Kigali. Le Nord-Kivu est en proie depuis des mois à une rébellion armée du général Laurent Nkunda, un Tutsi congolais insurgé contre le pouvoir central de Kinshasa, lequel l'accuse de bénéficier d'appuis chez les Tutsis au pouvoir à Kigali.Les rebelles ont annoncé mercredi avoir occupé la base de l'armée congolaise à Rumango, 40 km au nord de Goma. Selon l'Onu les combats dans ce secteur ont fait des dizaines de victimes. Affirmant que l'attaque a été menée par des soldats rwandais, la RDC a demandé qu'une équipe de vérification conjointe rwando-congolaise sous l'égide de la Monuc se rende sur place pour enquêter. Les accusations congolaises contre Kigali ont fait naître la crainte que les combats contre les rebelles de Nkunda dans l'Est ne dégénèrent en une guerre entre le Rwanda et la RDC, dont les troupes se sont déjà affrontées dans le passé. "Nous ferons certainement tout ce que nous pouvons pour prévenir cela. Ce serait un revers tragique", a déclaré Alan Doss à Reuters. "Je pense que nous devons tous faire ce que nous pouvons pour atténuer les tensions et trouver les moyens de renouer un dialogue constructif", a-t-il ajouté. Le président de la Commission de l'Union africaine, le Gabonais Jean Ping était attendu vendredi à Kinshasa pour tenter d'apaiser les tensions. Des unités de la Monuc, qui compte 17.000 casques bleus sur le terrain, tentent de vérifier les accusations congolaises, a déclaré Doss, tout en précisant que la tâche n'est pas aisée en raison de la porosité, de la volatilité et de la nature accidentée de la zone frontalière.Il a aussi rappelé la difficulté de différencier des soldats tutsis de rebelles en uniforme qui parlent la même langue, le kinyarwanda, en usage de part et d'autre de la frontière. "Ce sont des zones difficiles. Ce n'est pas comme descendre la rue principale à Kinshasa." L'est de l'ex-Zaïre est une poudrière depuis plus de dix ans. Les tensions ethniques qui avaient dégénéré en génocide en 1994 au Rwanda y ont été transplantées et alimentent le conflit dans le nord du Kivu.