Dans un long entretien accordé à la chaîne arabe internationale Al Djazeera, le Dr Abderrahmane Mebtoul est revenu sur les incidences de la crise mondiale sur l'économie algérienne. Selon l'expert international, persistance de la crise va entraîner l'économie nationale à terme et que l'économie algérienne n'est pas totalement à l'abri. Le taux de croissance moyen de 4,5 % pour 2008/2009 affiché récemment par le FMI pour l'Algérie (sur la base d'un cours du baril de pétrole à 120 dollars, les rapports du FMI se basant sur le rapport du gouvernement algérien avec une légère correction en termes de test de cohérence), outre qu'il est trop global devrait être revu à la baisse. Selon d'autres organismes internationaux tels l'OCDE et la Cnuced, environ 50% du produit intérieur brut sont tirés par les dépenses publiques via les hydrocarbures puisque 98 % des exportations proviennent des hydrocarbures et sont payés en dollar alors que 50% des importations sont payés en euro. Or, il n'existe pas de corrélation entre la baisse ou l'appréciation du dollar et la hausse ou la baisse du cours du baril de pétrole. Pour preuve, durant ces trois derniers mois, l'appréciation a varié entre 10 et 15% par rapport à l'euro et le cours du pétrole a chuté de 60 à 70%. Par ailleurs, comme nos importations se font à 50% en euro, l'appréciation de cette devise entraîne une élévation de la facture d'importation du fait que les opérateurs algériens importent peu de la zone dollar où il faudrait ajouter le coût du transport, ce qui fait, qu'en termes globaux, il y a compensation et il faut être attentif seulement au cours nominal du brent. Dans les années à venir, avec cette injection massive du dollar sans contreparties productives, il faudrait s'attendre à une relative dépréciation. Pour les produits essentiels alimentaires sachant que l'agro-business est contrôlé par les grandes firmes au niveau mondial, et pour compenser la sous-utilisation des capacités, du fait du ralentissement de l'offre, mais d'une demande incompressible il ne faut pas s'attendre à une baisse sensible des prix des produits alimentaires, comme le souligne récemment le rapport 2008 de la FAO. Cette baisse, par contre, pourrait toucher d'autres segments non essentiels pour les populations. Mebtoul a mis l'accent sur les dépenses importantes de soutien à la relance économique 2004/2009 dépassant les 200 milliards de dollars avec un surcoût estimé à 20% du fait de la mauvaise gestion ( soit 40 milliards de dollars), les importations 38 milliards de dollars 2008, prévisions de 40 milliards de dollars 2009, en plus il faudrait ajouter les impacts financiers des dernières dispositions gouvernementales que tout investissement de l'Etat serait majoritaire, le besoin en financement tournerait autour des 60 milliards de dollars annuellement. " Ces dépenses publiques, sans analyser souvent les impacts, expliquent ces centaines de milliers d'emplois fictifs pouvant être assimilés à de l'assistanat créés au nom de la solidarité nationale qui permettent, face à la stagflation (inflation, chômage, récession de la croissance en termes réels), une paix sociale fictive ", souligne Mebtoul. Or, les réserves de change clôturées à fin juillet 2008 s'élèvent à 136 milliards de dollars dont 43 milliards de dollars déposés en bons de Trésor américain à un taux de 2%, également d'autres dépôts auprès des banques centrales européennes à un taux d'intérêt inférieur à 4% ( alors que pour ces deux zones le taux d'inflation est supérieur à 3% sans compter la dépréciation du dollar par rapport à l'euro de plus de 45% entre 2008/2009).