L'Algérie risque-t-elle une cessation de paiement dans les deux années avenir, à savoir fin 2010 courant 2011 ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre M. Abderrahmane Mebtoul, expert international en économie, dans sa conjoncture. Selon cet expert, en cas de dépréciation des réserves de change placées à l'extérieur de 30%, la cessation de paiement serait pour fin 2010/début 2011 même pour un cours du baril à 60 dollars. A noter que le ministre des Finances avait annoncé auparavant que 135 milliards de dollars des réserves de change de l'Algérie (plus de 90%) sont placés à l'étranger à moyen et long terme. Cependant, un retrait prématuré entraînerait une décote des obligations de plus de 30% avec cette crise en espérant qu'une partie n'a pas été placée dans des banques d'investissement qui ont fait faillite. Selon Mebtoul, à un cours de 60 dollars le baril de pétrole et dans le cas d'hypothèse de dépenses annuelles de 70 milliards de dollars, nous aurions des réserves de change de 140 milliards de dollars moins 70 milliards plus les recettes additionnelles de Sonatrach de 17 milliards de dollars soit 87 milliards de dollars entre 2009/2010, et selon le même scénario les réserves de change seraient de 87 moins 70 plus 17 milliards de dollars soit 34 milliards de dollars. Dans le cas d'un cours de 50 dollars le baril, les réserves de change seraient en fin/2009 de 82 milliards de dollars et à fin 2010 elles seraient de 29 milliards de dollars. A fin juin 2011, si la crise persiste avec un cours entre 50/60 dollars, l'Algérie serait en cessation de paiement, pour un niveau de réserves de change fin novembre 2008 de 140 milliards de dollars. Selon l'expert, avec un cours inférieur à 70 dollars au-delà de deux années, au vu des dépenses actuelles, l'économie algérienne serait confrontée à des révisions approfondies dans les dépenses publiques, suite à l'arrêt de bon nombre de projets d'investissements, au frein des investissements porteurs étrangers créateurs de valeur ajoutée du fait de l'amenuisement des réserves de change. Ainsi, un cours entre 30 et 40 dollars nous ramènerait avec l'inflation mondiale à un cours à prix constant 1999 d'environ 20/25 dollars, et la cessation de paiement se ferait fin 2010. Il est bien entendu qu'en cas d'une dépréciation des réserves de change placées à l'extérieur de 30% la cessation de paiement serait pour fin 2010 / début 2011 même pour un cours à 60 dollars. Et en cas de baisse importante des réserves de change Mebtoul estime qu'"il ne faut pas s'attendre à des investissements porteurs. Et la difficulté actuelle est que l'endettement risque de nous guetter à des taux d'intérêt très élevés du fait de la crise de financent au niveau mondial à la différence des années passées". Car, selon l'expert toujours, pour éviter une crise majeure tant politique que socio-économique, il faudra entre 2010/2015 avoir un doublement du produit intérieur brut de dollars US, avec une diminution des sections rentes. D'où l'urgence du passage d'une économie de rente à une économie productive (production et exportation hors hydrocarbures) devant favoriser les quatre piliers du développent du XXIe siècle, l'entreprise, la valorisation du savoir, l'organisation en réseaux au niveau central/local et la bonne gouvernance liée à l'Etat de droit, par une lutte efficace contre la corruption qui s'est généralisée, démobilisant la population.