L'impact de la crise financière sur l'Algérie, suscite encore des interrogations. Selon le discours officiel, on constate une ambiguïté par rapport à cette question, des fois rassurante, et des fois inquiétante. Par ailleurs, et selon l'expert international Abderrahmane Mebtoul, le gouvernement algérien ne devrait pas prendre à la légère la profondeur de cette crise, qui est structurelle et non conjoncturelle. Pour Mebtoul, certains responsables algériens ne veulent pas voir la dure réalité en face en affirmant que la crise mondiale ne touche pas l'Algérie. Il faut éviter les erreurs de la crise de 1986 et ses effets dévastateurs sur l'Algérie pendant plus de 10 années, du fait de la profondeur et la durabilité de la crise actuelle, et de ses effets inévitables sur l'ensemble de la société algérienne. Dans ce contexte, l'expert algérien estime qu'il est urgent de créer un comité de sauvegarde contre les effets de la crise. La sécurité nationale étant posée. S'agissant du fonctionnement de ce comité restreint, il est important de le placer loin de toute lourdeur bureaucratique, sous l'autorité directe du président de la République. Il sera composé d'experts nationaux de haut niveau ne dépassant pas dix, pouvant faire appel exceptionnellement à des expertises extérieures. Il devra travailler en réseau avec les structures locales directement concernées, à savoir le ministère de la Défense nationale, les ministères de l'Intérieur et des Finances, la Banque centrale d'Algérie et enfin le ministère de l'Energie et des Mines. Quant aux complications de la crise, Mebtoul estime que les années 2009/2010 seront caractérisées par une forte dépression, les bourses du monde entier ayant subi des pertes sans égal depuis les années 1929/1934. L'effondrement des marchés financiers est aujourd'hui accompagné du déclin de l'économie réelle qui durera plusieurs années, même s'il y a une légère reprise courant 2011. En outre, les institutions internationales, désemparées, ne maîtrisant plus les perspectives de l'économie mondiale (4 prévisions contradictoires durant l'année 2008), viennent de revoir à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2009 à 0,5% contre 2,2% estimé en novembre 2008. Outre cela, et dans même ordre d'idées, Mebtoul insiste sur le fait que la crise financière s'avère profonde et n'en est qu'à ses débuts, et les premières conséquences économiques et sociales ne cessent de se faire sentir. Ainsi, comme durant la période 1929/1936, notre économiste prédit un début des mouvements sociaux de plus en plus persistants face à la crise. Preuve à l'appui, en Islande, qui a connu par le passé une prospérité inégalée, le gouvernement a démissionné, une conséquence directe de la crise économique mondiale, suite à la dépréciation de la monnaie nationale et de l'effondrement du système bancaire. De sa part, la Chine risque une généralisation des émeutes sociales. En Russie, les recettes du pétrole chutent, les effets combinées de la dégradation de l'emploi et du cours du rouble provoquent des mouvements sociaux non connus depuis la crise des années 2000 au moment de l'effondrement du rouble. Les compressions de personnels au Japon ont, selon les observateurs locaux, un "impact d'une brutalité sans précédent" qui déstabilisent la société japonaise, traditionnellement confiante en sa sûreté. Les mêmes effets commencent en Europe, cas de l'importante grève qui a réuni l'ensemble des mouvements syndicaux en France. Pour les Etats-Unis d'Amérique, avec l'élection du nouveau président américain et les espérances qu'il suscite, jouent transitoirement le rôle de tampon amortisseur. Tous ces mouvements sont des révélateurs de l'aggravation des malaises des sociétés et de l'inquiétude croissante vis-à-vis de l'avenir face à l'ampleur de la crise mondiale, et ce malgré une injection monétaire sans précédent et les interventions des banques centrales pour essayer de stabiliser le système financier et faire face à la paralysie du marché. Synthèse Mohamed Amine