Le Premier ministre portugais, M. José Socrates, est arrivé, dimanche soir à Alger, pour une visite de travail de deux jours, une visite qui s'inscrit en droite ligne dans le cadre de l'élargissement des relations bilatérale, lesquels ont déjà connu un développement important, grâce à la signature du traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage, que les deux pays avaient entériné en janvier 2005 à la faveur de la visite officielle qu'avait effectuée l'ancien Premier ministre portugais, M. Pedro Santana Lopes, en Algérie. Plusieurs accords de coopération ont été paraphés au cours de cette visite. Après avoir été reçu par le chef du gouvernement à son arrivée à l'aéroport Houari Boumediène, le premier ministre portugais a eu l'occasion de s'entretenir, hier, avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika au Palais d'El-Mouradia. Des entretiens qui ont d'ailleurs été élargis aux membres des deux délégations. Ces entretiens ont ensuite été suivis par la signature de plusieurs accords de coopération bilatérale notamment dans les domaines diplomatique, économique, judiciaire et sportif. Concernant le domaine judiciaire, quatre accords ont été signés : une convention relative à l'extradition, une sur l'entraide en matière pénale, une autre en matière civile et commerciale, et d'un accord de coopération institutionnelle entre les ministères de la Justice des deux pays. Un accord de suppression des visas sur les passeports diplomatiques et de service a également été paraphé. Alger et Lisbonne ont signé aussi un accord sur le transport maritime et paraphé un additif au mémorandum d'entente dans le domaine des finances, conclu le 14 juillet 2006 entre le ministère algérien des Finances et la Caisse générale portugaise des dépôts (banque publique). Dans le secteur sport, les deux pays ont signé un accord de coopération pour la lutte contre les produits dopants. L'Algérie et le Portugal ont aussi signé un procès-verbal résumant les discussions dans le domaine de l'énergie qui ont eu lieu entre les responsables des deux pays. Le Premier ministre portugais, M. José Socrates, a d'ailleurs affirmé à cette occasion que "la question (de la suppression) des visas (pour les passeports diplomatiques et de service) est également cruciale pour le développement" des relations bilatérales. Quant à l'accord financier, il "permettra au Portugal d'aider l'Algérie dans ses efforts pour la réforme de son secteur bancaire. C'est une question qui est pour nous très importante et à laquelle nous accordons une attention particulière", a-t-il souligné. Le Premier ministre portugais s'est aussi réjoui de la " totale concordance de vues sur les questions internationales" entre l'Algérie et le Portugal. Il a indiqué qu'une des "questions clés" qui a été discutée est le prochain sommet Europe-Afrique. "J'ai demandé au président Bouteflika de bien vouloir apporter son appui pour approfondir le dialogue avec l'Afrique", a dit M. Socrates, dont le pays présidera en juillet prochain l'Union européenne (UE). "Nous avons aussi discuté des questions relatives au Maghreb et au Moyen-Orient, dont le conflit israélo-palestinien", a-t-il noté et a enfin affirmé que "l'Europe doit accorder davantage de priorité aux pays du Sud", ajoutant que "là encore le Portugal compte sur le concours de l'Algérie". "Nous avons une nouvelle priorité et elle est tournée vers le Sud". M. Socrates a également réaffirmé la volonté de son pays d'être un "partenaire" de l'Algérie, dans le cadre de relations "basées sur la confiance". Celui-ci indiquera que "nous sommes venus ici aussi pour exprimer notre confiance à l'égard du développement de l'Algérie et c'est sur cette confiance que nous voulons édifier nos relations, car le Portugal veut être un partenaire de l'Algérie". "C'est un sommet historique qui s'est tenu entre les deux pays, compte tenu, notamment, du grand nombre d'accords qui ont été signés entre les deux parties". M. Socrates a précisé que le domaine énergétique était "stratégique" aussi bien pour Alger que Lisbonne. Dans le domaine culturel, il a rappelé que pour "cette année 2007, Alger est la capitale arabe de la Culture, cela sera l'occasion de la tenue ici à Alger d'une exposition sur les arts et la mémoire islamiques au Portugal", et "Egalement dans le domaine culturel, j'aimerais annoncer la création prochaine d'un premier institut lusophone à Alger". Pas d'amalgame entre la construction maghrébine et la question du Sahara occidental Pour sa part, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a affirmé que l'Algérie ne pouvait accepter l'amalgame entre la construction maghrébine et la question du Sahara occidental qui est une question de décolonisation à parachever. "(...) Nous ne pouvons pas accepter quelque amalgame que ce soit entre la construction maghrébine et la question du Sahara occidental. Il s'agit là d'une question de décolonisation à parachever nécessairement au moyen du libre exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination conformément au plan Baker ainsi qu'aux résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations unies", a souligné le chef de l'Etat à l'occasion d'un toast offert en l'honneur du Premier ministre portugais, M. José Socrates. Il a soutenu, dans ce contexte, que le Portugal s'était distingué par "une mobilisation remarquable" en faveur du droit à l'autodétermination et à l'indépendance du peuple du Timor Leste, ajoutant qu'"il est particulièrement bien préparé pour percevoir l'importance d'un règlement juste et définitif de la question similaire du Sahara occidental". "Notre soutien constant à la décolonisation du Timor Leste illustre notre attachement aux principes de la Charte des Nations unies et justifie notre solidarité naturelle avec la cause du peuple sahraoui", a encore souligné le chef de l'Etat. Par ailleurs, le président Bouteflika a indiqué qu'il perçoit, au sujet du Maghreb, "tous les questionnements" que les amis de l'Algérie et ses partenaires européens "se posent avec une certaine préoccupation", soulignant, à cet égard, "l'attachement indéfectible de l'Algérie à l'idéal maghrébin en tant que choix stratégique incontournable, conforme à la fois aux profondes aspirations de tous les peuples maghrébins et à leurs intérêts les mieux compris".