Les cours du pétrole sont repartis à la baisse hier, sous les 72 dollars à Londres, les craintes de récession mondiale ayant finalement repris le pas sur l'espoir suscité par les plans de sauvetage bancaire américain et européen. Le cours du baril échangé à Londres a plongé jusqu'à 71,93 dollars vers 11H10 GMT, un prix qui n'avait plus été atteint depuis le 31 août 2007. En l'espace de 3 mois et demi, les prix du pétrole ont été divisés par deux. Ils s'étaient envolés à 147,50 dollars le baril le 11 juillet 2008. Mardi déjà, les cours avaient enregistré une baisse de 3%, après avoir à un moment gagné trois dollars par baril en séance, tandis que, suivant une courbe similaire, Wall Street clôturait en léger recul. "Je ne vois pas ce qui pourrait conduire les prix à la hausse sur le court terme", commentait Peter McGuire, directeur général de Commodity Warrants Australia. Lundi, les cours du pétrole avaient rebondi dans le sillage des Bourses d'actions, euphoriques après les mesures européennes de sauvetage des banques. Mais l'embellie a été éphémère. La crainte d'une récession économique dans les principaux pays industrialisés est en effet revenue au premier plan. Les grands argentiers européens semblaient avoir évité l'effondrement du système bancaire, mais les dégâts de la crise sur l'économie réelle ne pourront être évités et ils devraient se répercuter sur la demande pétrolière. D'ailleurs, la présidente de la banque de Réserve fédérale de San Francisco, Janet Yellen, a tenu mardi des déclarations aux échos peu reluisants sur l'économie américaine. "Aucune croissance" n'est prévue pour ce troisième trimestre, tandis que celui à venir sera marqué par une "contraction très probable". La récession pourrait potentiellement avoir des répercussions négatives sur la demande. L'attente d'une hausse des réserves pétrolières américaines pèse également sur les cours de l'or noir. Pour la semaine achevée le 10 octobre, les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendent à une progression de toutes les réserves pétrolières : 2,2 millions de barils pour les stocks de brut, 2,9 millions de barils pour l'essence, 400 000 barils pour les distillats (qui comprennent le diesel et le fioul de chauffage). Le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE) sera publié aujourd'hui (jeudi), avec un jour de retard en raison d'un jour férié (Colombus Day) aux Etats-Unis. Au rythme où le marché s'effondre, "le niveau de 50 dollars le baril, qui semblait impensable il y a quelques semaines (...) est maintenant du domaine du possible", pronostique même le courtier américain Stephen Schork. Par ailleurs, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a fortement révisé à la baisse, hier, ses prévisions de hausse de la demande de brut en 2008 dans le monde à 0,64% contre 1,02% en septembre suite aux mauvais chiffres sur la croissance économique dans les pays industrialisés. Dans son rapport mensuel d'octobre, publié à Vienne, l'Opep a également revu, à la baisse, sa prévision pour 2009 d'une hausse de la demande de brut à 0,87% contre 1,00% le mois précédent. La réponse de l'Opep à la chute des cours de l'or noir alimente les spéculations. L'Organisation doit se réunir en urgence le 18 novembre à Vienne. Nombre de ses membres réclament une baisse des quotas pour enrayer la chute des prix; mais l'Arabie saoudite, membre le plus influent du groupe, n'a pas encore fait connaître sa position. Depuis le pic de juillet 2008, le pétrole a perdu plus de 40% de sa valeur. Ce recul est dû à la baisse de la demande occidentale de pétrole en cette période de crise et à la réticence des investisseurs envers l'or noir.