Les vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont retrouvés, hier après-midi, à Bruxelles, pour une réunion consacrée aux problèmes institutionnels, à la lutte contre le réchauffement climatique mais surtout à la crise financière internationale. Les Européens s'apprêtent à entériner, lors de ce sommet de deux jours, la création d'une " cellule de crise financière ".Ce sommet est marqué par l'inquiétude affichée par les nouveaux membres de l'Union européenne. Les pays de l'Est grincent des dents alors que s'est ouvert ce sommet européen des 27, car le plan de sauvetage adopté par les 15 membres de la zone euro ne propose aucun principe de solidarité européenne. C'est peut-être le sommet de la rébellion des pays de l'est, estime-t-on. Quelques jours après la réunion de l'Eurogroupe sur la crise financière, le sommet européen affiche pourtant un objectif "simple" : "transposer à 27 ce que nous avons adopté dimanche", affirme la présidence de l'Union européenne. Pour les observateurs, la boîte à outil européenne mise en place à 15 pour lutter contre la crise ne propose cependant "aucun principe de solidarité européenne". Les plans de recapitalisation des banques et de garantie des dettes interbancaires au plan national ne sont d'"aucune aide aux pays hors de l'Euro zone", car ils ne disposent pas de moyens de se sauver eux-mêmes. En effet, les pays de l'est ont souvent une balance des paiements déficitaires, dépensant plus d'argent qu'ils ne gagnent. Avec leur main-d'œuvre bon marché, ils ont attiré massivement les capitaux étrangers.Mais en cas de crise du crédit, leur balance des paiements atteint toujours 10 % du produit national brut (PIB). C'est aussi le cas de la Bulgarie et de la Roumanie, des pays entrés en 2007 dans l'Union européenne qui sont pauvres et mal gérés. Hors de la zone euro, les pays de l'est, mais aussi le Danemark et la Suède, dont les taux de change varient énormément, s'inquiètent que les 15 s'appliquent la doctrine de la concurrence avec indulgence (pour recapitaliser leurs banques) et assouplissent le pacte de stabilité à leur seul profit. Pendant ce temps, ils seraient contraints de respecter les règles européennes à la lettre. Frappée par une crise économique, la Hongrie s'est vue renvoyée aux prêts du Fonds monétaire international (FMI). Une humiliation pour une économie développée membre de l'Union européenne, indique-t-on. A ce sommet, elle envisage de proposer de nouvelles mesures. La Hongrie exige notamment qu'en période de crise, le déficit public de tous les Etats membres puisse dépasser le seuil maximal autorisé de 3 % de produit intérieur brut de déficit, une exigence dictée par le pacte de stabilité. La Hongrie, qui a ramené l'an dernier son déficit public à 3,8 % après un pic de 9,2 % en 2006, a montré ces derniers jours des signes d'une vulnérabilité particulière face à la crise.Elle suggère en outre que la Banque centrale européenne (BCE) soit dotée des mêmes outils d'intervention pour tous les pays membres de l'UE, qu'ils soient membres ou non de la zone euro. Pour les analystes, la crise économique a pour effet qu'il sera de plus en plus difficile d'entrer dans la zone euro, à l'avenir, pour chacun des douze pays qui le voudraient. Le gouvernement danois se plaint de ne pas faire partie de cette zone, qui l'aurait protégé de toute tempête financière sur sa monnaie. Pourtant, les Danois avaient refusé d'y entrer à la suite du rejet, par référendum, du traité de Maastricht en 1992.Il est résumé par les observateurs que les pays de l'est ont l'obligation de tout tenter pour entrer dans l'Euro zone ; c'est dans leur traité d'adhésion. Mais peuvent-ils imposer à leur peuple de se serrer la ceinture davantage ? Le prochain entrant devrait être la Slovaquie en 2009. La Pologne, qui s'est déjà engagée à réunir les critères d'adhésion à l'euro en 2012, annonce d'ores et déjà qu'elle n'y parviendra pas.