La contribution financière des Européens et des autres pays développés pour aider les pays les plus pauvres à s'adapter et à lutter contre le réchauffement est devenu un enjeu majeur des négociations. Un vrai risque d'échec sur le climat pèse sur le sommet des dirigeants de l'Union européenne demain et vendredi à Bruxelles, tant leurs divisions sont profondes sur les aides à apporter aux pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement de la planète. «L'UE doit dire si elle va se prononcer sur les financements, car nous avons besoin d'une forte impulsion pour relancer les négociations internationales», a souligné lundi la ministre suédoise aux Affaires européennes, Cecilia Malmström, au nom de la présidence de l'UE. La contribution financière des Européens et des autres pays développés pour aider les pays les plus pauvres à s'adapter et à lutter contre le réchauffement du climat est devenu un enjeu majeur des négociations mondiales à six semaines du Sommet mondial de Copenhague en décembre. Les pays européens se sont écharpés la semaine dernière sans parvenir à s'entendre lors de réunions préparatoires de leurs ministres des Finances et de l'Environnement. Des discussions compliquées par le contexte de crise économique et budgétaire qui n'encourage pas à la générosité. Les Etats sont divisés en trois clans: les «volontaristes», avec la Grande-Bretagne pour chef de file, les «attentistes», conduits par l'Allemagne, et les pays d'Europe de l'Est, menés par la Pologne, prêts à contribuer, mais «en fonction de leurs moyens», selon un diplomate. Le Sommet de Bruxelles sera difficile car la réunion va imposer des arbitrages sonnants et trébuchants. «Nous attendons des chefs d'Etat et de gouvernements qu'ils tranchent car s'il n'y pas d'argent sur la table, il n'y aura pas d'accord à Copenhague», a averti le commissaire à l'Environnement Stavros Dimas. Que va décider la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays est partisan d'attendre les promesses des autres pays développés, notamment des Etats-Unis et du Japon, avant de prendre des engagements chiffrés? Quel accord le Premier ministre polonais Donald Tusk est-il prêt à avaliser, lorsque son ministre des finances Jan Rostowski juge «inacceptable que les pays pauvres de l'Europe doivent aider les pays riches à aider les pays pauvres dans le reste du monde»? Son pays, très dépendant du charbon, et huit autres pays d'Europe centrale refusent en outre de contribuer en fonction avant tout de leur niveau d'émission, contrairement à ce que prône l'Europe au niveau mondial. La Commission européenne a chiffré l'aide pour les pays les plus pauvres à 100 milliards d'euros par an entre 2013 et 2020 et a évalué la «juste part» de l'Union européenne entre 2 et 15 milliards d'euros par an, très loin des 35 milliards réclamés par les défenseurs de l'environnement. Elle a ajouté une enveloppe de 5 à 7 milliards pour les actions immédiates dans ces pays entre 2010 et 2012. «C'est paradoxalement le sujet le plus compliqué, car il s'agit d'argent à trouver dans une période budgétaire très dure», souligne un négociateur. Le projet de position commune de l'UE, qui sera discuté cette semaine à Bruxelles est pour l'instant rempli de «blancs» sur toute la partie traitant du financement. La ligne «attentiste» soutenue par une majorité de pays pourrait l'emporter. «Nous ne sommes pas encore dans la phase finale. Pour l'instant, l'UE tire la machine et est un cran en avance sur les autres. Mais il ne sert à rien de sortir des chiffres sans les autres», explique le négociateur. Cette hypothèse inquiète Stavros Dimas. «Nous devons prendre nos décisions maintenant, pour encourager les autres pays développés à avancer des propositions», plaide-t-il.