La chancelière allemande, Angela Merkel, qui préside actuellement l'UE et le G8, groupe des pays les plus industrialisés, est arrivée dimanche à Sotchi, dans le sud de la Russie, afin de s'entretenir avec le chef de l'Etat russe de la sécurité nergétique en Europe, et notamment d'un nouveau projet de partenariat stratégique UE/Russie, qui doit comporter un volet énergétique crucial pour les Européens. Deux semaines après la crise commerciale entre la Russie et le Bélarus voisin, qui a conduit à l'interruption des livraisons de brut russe à l'Europe via l'oléoduc Droujba, l'énergie a donc été la question centrale de cette rencontre. Une rencontre durant laquelle Angela Merkel a demandé à Vladimir Poutine une "meilleure communication" entre l'UE et la Russie en cas de crise énergétique, afin d'éviter de nouvelles "tensions" et de garantir une "relation (mutuelle) de confiance". "Nous plaidons pour des relations de confiance dans les livraisons (de gaz et pétrole russes). C'est pourquoi il est important que nous ayons à l'avenir des échanges sur les difficultés qui peuvent exister" et "qu'on communique mieux", a déclaré Mme Merkel au cours d'une conférence de presse commune. Le président Poutine a, pour sa part, affirmé que la Russie était prête à engager un dialogue constructif avec l'Union européenne (UE) au sujet de l'énergie, basé sur le respect des intérêts mutuels. Le président russe a cependant souhaité l'établissement de règles transparentes régissant les échanges avec tous ses partenaires commerciaux, pays européens et ex-républiques soviétiques, qui achètent ou assurent le transit d'hydrocarbures russes. "Nous sommes ouverts à un travail constructif sur un dialogue avec l'Union européenne en matière d'énergie", a souligné Poutine, formulant toutefois le voeu que les partenaires de la Russie observent "le principe de l'équité des droits et du respect mutuel dans l'intérêt de chacun". Défendant sa position dans la crise avec Minsk, Poutine a estimé que Moscou avait, toujours, donné des gages de fiabilité. "Tout ce qu'a fait la Russie ces dernières années visait à créer des règles uniques de transparence et les conditions d'une coopération en Europe avec nos partenaires", a-t-il affirmé. Ce sur sujet, Mme Merkel a déclaré comprendre que la Russie souhaitait vendre ses ressources énergétiques aux anciennes républiques soviétiques voisines, telles le Bélarus, aux prix du marché, mais a réaffirmé que "nous avons besoin de fiabilité". La fiabilité de la Russie avait été compromise par la guerre des prix à laquelle s'était livrée la Russie contre l'Ukraine l'année dernière et le Bélarus cette année, provoquant des manques de gaz naturel en Europe. Le président russe a assuré que la Russie voulait rester un partenaire énergétique fiable et qu'elle allait développer des routes alternatives de transport des ressources, "pour réduire sa dépendance" à l'égard de pays voisins, comme l'Ukraine ou le Bélarus, par lesquels passent des pipelines ou gazoduc. "Nous allons accélérer notre travail dans la construction de systèmes de pipelines vers la côte du Pacifique, nous allons élargir la possibilité de transport des hydrocarbures au Nord, y compris au Nord-Ouest de la Russie", a-t-il dit. Au-delà des déclarations de bonnes intentions de part et d'autre, cette rencontre de Sotchi ne semble pas avoir fait évoluer le dialogue sur l'essentiel. En effet, aucune décision concrète sur la concrétisation du nouvel accord de coopération n'est à relever. Certains dirigeants de l'UE continuent d'affirmer que les approvisionnements de pétrole russe seraient plus fiables si Moscou mettait fin au monopole sur les exportations de brut et de gaz naturel. Chose que Moscou n'est pas prête à envisager.