La taxe sur les véhicules reconduite dans la loi de finances pour 2009 a fait couler beaucoup d'encre et le ministre des Finances trouve la mesure justifiée au regard des besoins du pays en financement. C'est le cas pour le secteur des transports pour lequel est affecté le montant. "La taxe sur les véhicules est destinée au compte d'affectation spécial pour le financement des tickets du transport en commun", a déclaré Karim Djoudi qui a estimé le montant qui sera dégagé à "45 milliards de dinars", ajoutant que l'Algérie importe pour "2,8 milliards de dollars de voitures par an". Le ministre prévoit même une baisse des prix des véhicules. Cela s'explique par le fait que le marché de l'automobile connaît des difficultés, en plus de l'appréciation du dollar face à l'euro, d'où le "renforcement du pouvoir d'achat du dinar face à la monnaie européenne". Le client pourrait s'attendre à une baisse des prix dans les prochains mois, selon le ministre des Finances. Ce dernier a tenu à rassurer, encore une fois, sur les conséquences de la crise financière internationale sur l'économie nationale. L'Algérie en est l'abri, a affirmé Karim Djoudi, qui n'omet pas au passage de soulever la problématique de la baisse des prix du pétrole qui serait cruciale. Des prix qui sont passés la semaine écoulée sous les 65 dollars le baril. Ce qui pourrait donc avoir des répercussions sur "la politique budgétaire du pays si les prix du pétrole continuent leur dégringolade" étant donné que les recettes de l'Algérie dépendent à 98 % des hydrocarbures. Pour l'heure, la situation semble être maîtrisée. Le ministre des Finances, invité hier de la radio Chaîne III, s'appuie sur plusieurs paramètres. En premier "le paiement de la dette extérieure dont le niveau actuel a sensiblement diminué", en sus de la décision prise par le gouvernement de ne pas "convertir le dinar et le financement des projets en monnaie nationale au lieu de la devise". Des dispositions qui ont donné leurs fruits car cela a permis "d'éviter de diffuser les risques sur le marché algérien". Quoi qu'il en soit, l'Algérie est assurée de compenser les éventuelles pertes grâce à l'appréciation du dollar face à l'euro d'autant que le billet vert a retrouvé des couleurs ces dernières semaines. "Le niveau des réserves de change actuel donne en tout cas une certaine sécurité en plus du fond de régulation qui représente 40% du PIB", a souligné l'invité de la radio. Cela étant dit, la croissance enregistrée hors hydrocarbures a été très soutenue durant les trois dernières années et avoisine les "6%", selon le ministre des Finances. Mais la crise aura toutefois des conséquences positives sur les prix de certains produits de première nécessité. L'Algérie, grand importateur de produits alimentaires notamment, peut tirer profit de cette situation. "Nous prévoyons une baisse des prix à hauteur de 20% sur les marchés internationaux et une baisse de la facture des importations de produits de première nécessité -5 milliards de dollars par an - est attendue durant les prochains mois", a-t-il précisé. Globalement, la crise pourrait être jugulée à travers plus de régulation du marché. Un rôle que doit jouer efficacement le "FMI et la Banque mondiale", préconise par ailleurs, le grand argentier du pays. En tout état de cause, les pouvoirs publics semblent avoir tiré les enseignements nécessaires de la crise financière internationale. Ainsi, la privatisation annoncée dans le secteur bancaire est annulée. Karim Djoudi énumère les raisons dont les difficultés apparues chez "certains partenaires de l'Algérie" au lendemain de la crise des subprimes et le "manque de liquidités et les incertitudes" qui entourent le fonctionnement des potentiels partenaires. Mais l'activité des banques étrangères installées en Algérie n'est nullement affectée selon le ministre des Finances. Bien au contraire, elles ont enregistré une croissance importante. "Les banques étrangères ont un retour sur capital de l'ordre de 27%, un taux des plus élevés dans la région du Maghreb", a affirmé Karim Djoudi pour qui ces banques ont tout à gagner "en développant davantage leurs activités en Algérie". Le niveau d'implantation des banques privées représente quant à lui "13% du marché algérien avec un portefeuille important qui contribue au développement national", a tenu à préciser Karim Djoudi.