Des changements "importants" sont apparus dans les nouveaux programmes scolaires pour une meilleure mise en évidence de tout ce qui dans l'histoire nationale aurait précédé la date du 1er novembre 1954, a affirmé le chercheur Hassan Remaoun. Dans une étude récente sur l'enseignement de la guerre de libération dans les nouveaux manuels scolaires, intitulée "l'enseignement de la guerre de libération nationale 1954-1962, dans les anciens et nouveaux manuels algériens d'histoire", l'enseignant et chercheur de la faculté des sciences sociales de l'université d'Oran et collaborateur du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC d'Oran), a souligné que les manuels issus de la réforme (2002), comportent "plusieurs signaux qui doivent être pris en ligne de compte tels la relativisation de deux mythes, dont celui "d'un soulèvement unanime" du peuple (...) et celui de la guerre de libération comme étant d'essence paysanne". Les changements "fondamentaux" décelés dans cette étude, découlant d'une analyse comparative, entre les anciens manuels de l'école fondamentale (1976 à 2002) et les nouveaux manuels issus de la réforme, initiée dès 2002, sont dus, selon l'auteur, à "l'impasse" du parti unique et les années "sanglantes" qu'a connues l'Algérie durant la décennie 1990. Ces événements, précise M. Remaoun, ont contribué à l'émergence d'une conscience nationale, suscitée par les différentes composantes et partis politiques agissant au sein du mouvement national. "On a voulu de même présenter la guerre de libération à travers toutes ses caractéristiques, militaires et politiques", a-t-il relevé dans ce contexte. Dans son analyse comparative, le chercheur a insisté d'abord sur le volume horaire consacré à l'histoire de l'Algérie et les paliers de l'enseignement concerné. Il a souligné, à ce sujet, que dans l'enseignement fondamental, l'âge des élèves concernés par l'enseignement de l'histoire commence à 10 ans, tandis que dans le nouveau système la limite d'âge a été ramenée à 8 ans. S'agissant du volume horaire, il a indiqué que dans l'ancien système l'enseignement de l'histoire et de la géographie était dispensé à raison d'une heure hebdomadaire en 5e et 6e année fondamentale (AF) et de 2 à 3 heures, selon les filières, dans les autres classes. La réforme a apporté, cependant, des changements sur ce volet, selon l'auteur de l'étude, consistant à consacrer 1 heure d'histoire pour le palier primaire, 3 heures pour le palier moyen et 2 à 4 heures pour le secondaire, selon les filières. Après avoir mis en exergue les différences dans les contenus des manuels de l'histoire enseignés dans l'ancien et le nouveau système, M. Remaoun a relevé l'évolution des méthodes d'enseignement, dont particulièrement le recours aux illustrations iconographiques. Il a, par ailleurs, soutenu que dans les anciens manuels scolaires d'histoire, et en dehors de la guerre de libération nationale, "la profondeur historique nationale proprement algérienne était faiblement représentée et avait tendance à être diluée dans une histoire du monde musulman centrée sur le Moyen-Orient". C'est ainsi qu'il a mis en exergue, à ce sujet, les efforts constatés dans les nouveaux manuels à centrer les leçons dans les différents paliers sur l'histoire de l'Algérie de l'antiquité berbère à l'avènement de la colonisation et la guerre de libération nationale. Tout en mettant en avant les tabous qui ont été dépassés, à la faveur des nouveaux manuels, dont la mise en supports iconographiques de photos de personnalités du mouvement national et de la guerre de libération nationale, à l'image de Messali Hadj, Abane Ramdane, Krim Belkacem, Khider et autres, l'auteur de cette étude a, néanmoins, relevé des "points d'ombre" qui, a-t-il dit, "seront clarifiés avec le temps". Il a illustré sa conclusion en se référant à l'histoire de la révolution française de 1789, qui n'a commencé, a-t-il relevé, à être intégrée aux programmes de l'enseignement du pays concerné, qu'un siècle environ, après qu'elle eut vu le jour. Hassan Remaoun est également l'auteur d'une étude critique sur l'enseignement de l'histoire d'Algérie, à travers les manuels scolaires de l'enseignement fondamental, éditée par le CRASC d'Oran durant la moitié des années 1990.