Photo : APS Par Amar Rafa L'unité et la solidarité, ces deux éléments essentiels qui ont fait la réussite de la révolution algérienne, hier, doivent marquer, aujourd'hui, encore nos positions afin de relever les défis de la mondialisation et du développement, a indiqué hier Salah Goudjil, le secrétaire général par intérim de l'instance exécutive du FLN. Lors d'une conférence historique dédiée aux événements du 20 août, hier à l'hôtel Riadh (Sidi Fredj, Alger), M. Goudjil a indiqué que les opérations du 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois «ont prouvé que la Révolution était portée par tout le peuple algérien», en les qualifiant d'une des étapes cruciales de la révolution algérienne. Il s'agit, selon lui, de l'une des premières opérations programmées par la Révolution, en rappelant la création du Front de libération nationale (FLN), le 26 novembre 1954. L'orateur rappellera qu'au déclenchement de la Révolution, le colonialisme disait qu'elle était l'œuvre d'étrangers, de «fellagas» venus de Tunisie, d'Egypte ou de «communistes», dans le but de «couper le peuple de sa révolution». Puis, vinrent les opérations du Nord-Constantinois, qui ont éclaté à 12h. Elles ont «prouvé que les Algériens menaient une révolution populaire» et que la révolution est celle du peuple algérien et n'était pas importée, a-t-il ajouté, en précisant qu'à la suite de cela, le colonialisme a usé du terme «hors-la-loi» pour designer les moudjahidine. Les étapes qui suivirent ont démontré également que la bataille sera gagnée par celui qui aura le soutien du peuple. Ce qui fut fait, a-t-il poursuivi, au Congrès de la Soummam, qui a approfondi le concept de la déclaration du 1er novembre : «La révolution par le peuple et pour le peuple.» La réunion du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), en août 1957 au Caire, avait comblé les lacunes du Congrès de la Soummam, contribuant à approfondir l'idée de la révolution du peuple : «Avec l'unité et la solidarité on peut venir à bout de toutes les entraves.» M. Goudjil devait rappeler, en ce sens, la particularité du colonialisme en Algérie par rapport aux autres pays. Il a souligné que le caractère colonialiste n'a même pas épargné la religion, puisque les prêches du vendredi étaient rédigés par le préfet ou le sous-préfet. Il rappellera aussi les grands sacrifices en vies humaines consentis par le peuple algérien, 1,5 millions de martyrs sur 7.5 millions d'Algériens à cette époque. Lors de sa sortie de prison, Mustapha Benboulaïd a invité les frères à se préparer pour une guerre de dix années, a affirmé le conférencier. La réussite de la révolution est due à l'intégration de toutes les sensibilités, comme ce fut le cas lors du Congrès de la Soummam, d'après M. Goudjil : «Le génie de la révolution est d'avoir su intégrer toutes les forces vives de la nation dans le processus d'indépendance.» Selon lui, la France coloniale a commencé à reconnaître la révolution, quand elle a constaté que les sensibilités se sont fondues, à titre individuel. D'où le changement d'attitude envers les révolutionnaires qui étaient devenus des braves, en relation avec «la paix des braves», a-t-il dit, avant de rappeler l'attachement du peuple à sa révolution, y compris durant les trois étapes des négociations. Après l'indépendance, il a toujours été fait référence aux concepts d'«unité et solidarité» dans les position exprimées par l'Algérie dans le concert des nations a l'égard des questions de Palestine, d'Irak, etc. L'anniversaire des événements du 20 août est l'occasion idéale d'une halte durant laquelle nous devrons faire notre bilan et guider nos positions vis-à-vis des défis de la mondialisation, dans l'intérêt du pays, a-t-il conclu. Mohamed Kechoud, ancien responsable, a donné de plus amples détails sur les préparatifs des attaques du Nord-Constantinois qui avaient ciblé 39 objectifs en même temps, le 20 août 1955 à 12 heures, durant trois jours. Il parlera longuement au sujet du choix de la date, des objectifs attendus et des résultats. Le commandant Bouregaa, le relayant, a d'abord relevé que la méconnaissance des jeunes générations d'Algériens de leur histoire est due aux historiens eux-mêmes : «L'Histoire est pour les générations et le peuple un vaccin contre les erreurs et les bêtises humaines. Le problème est dans l'écriture de l'histoire avec des arrière-pensées politiques ou pour le règlement de comptes.» Il a mis en garde contre l'instrumentalisation de l'histoire à des fins politiques. Dans son témoignage, il restituera les trois étapes de la révolution algérienne, notamment celle du 1er novembre 1954, à août 1956, caractérisée par un «flou total» sur l'avenir de la révolution et où sont apparus des courants opposés à la révolution. Mais la génération de l'époque était armée de volonté et de foi, pour parer le manque d'organisation, a-t-il affirmé. Celle du 20 août 1956 au 13 mai 1958, avec la venue de la Cinquième République et de De Gaulle, la révolution est entrée dans une nouvelle phase durant laquelle 80% des moudjahidine sont tombés au champ d'honneur, celle du 13 mai 58 au 19 mars 1961, ayant précédé l'indépendance.