Les ministres maghrébins du Commerce ont plaidé jeudi à Tunis, pour une consolidation du processus de construction de l'édifice maghrébin, par un renforcement de l'intégration économique régionale "progressive" dans le respect des intérêts mutuels. Réunis dans le cadre de la 8e session du Conseil ministériel maghrébin chargé du commerce, les représentants des cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) ont passé en revue les résultats des travaux des experts portant sur des objectifs de création d'une zone de libre échange, de création d'une communauté économique maghrébine, d'une coordination des politiques commerciales et douanières, et d'une mise en place d'un cadre juridique approprié susceptible de permettre la levée progressive des contraintes gênant actuellement les échanges commerciaux. Cependant, les participants ont, également étudié les mécanismes visant à harmoniser les politiques commerciales des cinq dans le cadre de l'espace euro-méditerranéen, notamment avec la création d'une zone de libre échange à l'horizon 2010, et des négociations commerciales multilatérales en cours à l'Organisation mondiale du commerce. Ils ont souligné, dans ce contexte, le "rôle important" attendu du secteur privé, considéré comme le "moteur" de cette dynamique économique, et ont salué la création d'une Union maghrébine des hommes d'affaires, dont l'annonce devra, a-t-on affirmé, se faire le 17 février prochain à Marrakech (Maroc), en marge de la célébration du 18e anniversaire de la création de l'UMA. Par ailleurs, les ministres du Commerce des pays de l'UMA ont reconnu que le volume actuel des échanges économiques et commerciaux inter-maghrébins sont "très faibles" et représentent moins de 3 % du volume global de leurs échanges extérieurs et restent "en-deçà des ambitions des pays maghrébins". A titre comparatif, ont été évoqués les taux de 60% réalisés dans les échanges commerciaux pour les pays de l'Union européenne, 56 % pour les pays d'Amérique du Nord, 23 % pour les pays du Sud-est asiatique (ASEAN) et de 15 % pour les pays d'Amérique du Sud (Mercosur). Les participants ont, en outre, appelé à la poursuite de la concertation dans le but de parachever le processus de construction maghrébine et de "mettre en place le cadre juridique approprié pour la création d'un espace économique maghrébin intégré, selon une approche globale qui tienne compte des spécificités économiques et commerciales de chaque pays". Dans ce sens, un groupement économique, animé par des opérateurs, industriels et commerçants, des secteurs privé et public, sur lequel sont portés de grands espoirs et qui devrait permettre, "par l'unification des approches et la défense des intérêts mutuels, d'affronter la compétition des autres groupements économiques et de faire face aux défis de la mondialisation", a indiqué le ministre du Commerce M. El Hachemi Djâaboub. Le ministre du commerce, a affirmé que "l'ouverture économique ne doit pas être perçue que sous l'angle commercial", mais doit "tenir compte des spécificités de chaque pays, quelles soient économiques ou industrielles". Dans une déclaration à la presse en marge des travaux de la 8ème session du conseil ministériel maghrébin chargé du commerce, M. Djaaboub a souligné "qu'en tant que ministres du commerce, nous sommes tenus de veiller non pas aux intérêts des seuls commerçants mais à l'économie, de façon globale, de nos pays respectifs". "Pour cela lorsque nous encourageons le commerce, nous ne devons pas perdre de vue les intérêts des agriculteurs et des industriels", a ajouté le ministre pour expliquer le souci d'une progression graduelle dans l'ouverture des marchés de la région et le démantèlement des barrières tarifaires et douanières pour une libre circulation des marchandises. Ainsi, le ministre a salué la création prochaine de l'Union maghrébine des hommes d'affaires et a souhaité qu'"elle serve de cadre de rencontre entre hommes d'affaires et de la finance, pour concrétiser des projets économiques, et qu'elle constitue une force de proposition pour les décideurs afin de lever toute entrave aux rouages de la machine économique". Rappelons, ainsi, les travaux de cette session se sont déroulés en présence du secrétaire général de l'UMA, M. Habib Benyahia.