Avant de donner les recommandations du colloque international sur le soufisme qui s'est clôturé le week-end à Adrar, faisons le point sur ce courant fondamentalement inspiré de l'islam et de l'amour " brûlant " pour Dieu. Il est vrai que nous ne pouvons pas donner tous les détails d'un courant aussi vieux (depuis le VIII ème siècle) aussi riche et aussi complexe, mais nous pouvons néanmoins l'approcher selon des définitions générales.Selon certains, le mot soufisme vient de l'arabe " sûf ", c'est-à-dire laine, le port vestimentaire des premiers ascètes musulmans. Selon d'autres, cela vient du mot grec " sofia " qui veut dire la sagesse, d'autres encore avancent que le mot soufisme vient de l'arabe " suffa ", banc et ferait référence au banc sur lequel le prophète (QSSSL) s'asseyait pour prêcher dans la mosquée de Yathrib à Médine. Partis de là, nous pouvons admettre que les soufis sont des personnes qui privilégient l'intériorisation, l'amour de Dieu, la contemplation, la sagesse.Résolument ascétiques, les soufis recherchent avant tout " l'agrément de Dieu, la promotion du tawhîd -" science de l'unicité de Dieu-. Ils combine, cependant la chariâ, -la loi islamique-, et la al-haqîqa, la vérité. L'adhésion au Coran y est un nécessaire préalable à la compréhension du monde. Les rites sont inutiles s'ils ne sont pas accomplis avec sincérité. Pour certains vulgaristes, le soufisme prône l'existence d'une connaissance cachée (Ilmoul Bâtin) et un idéal de non-attachement aux choses de ce monde et de combat intérieur contre le vice. Ce dernier point est vérifié, mais le principe de Ilm al bâtîn fait référence à l'acceptation par le coeur du verset qui pourrait être traduit " rien ne ressemble à Dieu ", et pour lequel Al Halladj fut renié par les soufis et condamné par les musulmans alors qu'il prétendait être " confondu " avec Dieu. En clair, le soufisme est un courant inspiré de l'islam, attaché à cette religion et voué à se rapprocher le plus possible de Dieu (l'Unique) en se purifiant moralement et physiquement.Pour revenir à ce colloque qui est un rendez-vous itinérant parce qu'il se déroule chaque année dans une des villes du pays, les participants qui ont travaillé autour du thème générique de "soufisme en Islam et défis contemporains ", ont recommandé à l'issue de leurs travaux, la création , d'un " centre de recherche international de soufisme regroupant des savants, académiciens et chefs de courants soufis de différents pays du monde musulman. " Ces propositions qui ne sont rien d'autre qu'une cellule de réflexion autour de laquelle les professionnels proposeront des grilles de lecture pour connaître davantage ce courant, sont aussi une approche pour présenter " sous son véritable visage, le soufisme, celui conforme à ses principes et vertus, aux communautés musulmanes en particulier et à l'humanité en général " notent les participants. Et ce n'est pas tout car ce centre vise également à réactiver les courants soufis pour leur permettre d'accomplir le rôle privilégié qui leur est assigné et à encourager et consolider le dialogue constructif entre les différentes composantes de la nation musulmane. Les participants ont recommandé en outre, la création d'observatoires nationaux des courants soufis, appelés à être des références dans les recherches dudit centre et de coordonner et rapprocher les différents courants soufis à travers le pays.Par ailleurs, il a été proposé d'encourager ces courants et zaouias à l'utilisation de nouvelles techniques de communication et de diffusion du savoir, " tout en améliorant les cérémonials de célébration des fêtes religieuses dont El Mawlid Ennabaoui, les ouâdates et autres, en leur conférant le caractère de congrès scientifique et religieux. " soutiennent-ils encore. Comme la conjoncture politique l'exige, et comme ce courant d'après l'histoire était étroitement lié au pouvoir en place, il a été question de la réactivation et du développement du rôle de la femme en matière d'éducation religieuse et sociale, l'introduction de la matière du soufisme dans les programmes pédagogiques et la programmation d'émissions télévisées sur le thème du soufisme en Islam, en prévision de la création d'une chaîne satellite consacrée au soufisme. Parmi les invités qui ont débattu de ce courant durant quatre jours, il y avait des professeurs, des chercheurs, des universitaires étrangers aux cotés des séminaristes nationaux, qui avaient intéressé spécialement les jeunes et surtout les étudiants.