Il y aura, cette année, de la belle olive et de la bonne huile, se réjouissent les producteurs et les professionnels pour qui la récolte 2008 compterait parmi les meilleures de ces dix dernières années, et ce grâce surtout à des pluies abondantes et précoces . En Kabylie, immense oliveraie s'il en est, les arbres ploient jusqu'au sol sous le poids de fruits généreusement abreuvés par les précipitations des mois de septembre et d'octobre, contrairement à l'année précédente où les oliviers paraissaient tristement chétifs et désespérément dégarnis. Les premières cueillettes ont commencé dans certaines régions et les propriétaires d'huileries, modernes ou traditionnelles, s'activent à remettre en marche leurs machines laissées au repos pendant la période de disette. Selon les prévisions, les premières quantités d'huile "cuvée 2008" devraient être mises sur le marché vers la fin du mois de novembre en cours. L'Algérie fait partie des principaux pays méditerranéens dont le climat est des plus propices à la culture de l'olivier. Elle se positionne après l'Espagne, l'Italie, la Grèce et la Tunisie qui sont, par ordre d'importance, les plus gros producteurs d'huile d'olive. En Algérie, les superficies occupées par l'olivier sont de l'ordre de 281 000 ha auxquels il faut ajouter 110 000 ha qui doivent entrer progressivement en production à partir de 2007 pour s'étaler sur trois ans. En plus des pluies, l'alternance naturelle de l'olivier qui fait que cet arbre robuste et résistant se montre fécond une année sur deux, explique aussi les perspectives de bonne récolte pour cette année et la baisse des prix qui, normalement, en découle. A M'chedallah (Bouira), les oliviers s'étendent à perte de vue, du moins là où la terre et le climat fournissent les conditions exceptionnelles à l'épanouissement de cet arbre béni et presque sacré. Dans bien d'autres régions d'Algérie où la terre est très riche et les taux d'humidité convenables, un olivier bien taillé peut produire jusqu'à 100 litres d'huile. C'est le cas par exemple de Jijel, de la vallée de la Soummam ou encore de Sig dans l'Ouest, à en croire les connaisseurs. C'est que l'arbre, parfois millénaire, se montre très résistant au froid mais demande un minimum d'entretien, c'est-à-dire au moins une taille après chaque récolte, à condition que celle-ci soit effectivement faite, ce qui n'est pas toujours le cas, hélas. Pourtant, la valorisation de cet oléagineux et l'extension de sa consommation à quasiment toutes les couches de la population ces dernières années, combinées aux nombreuses facilités accordées dans le cadre des programmes publics de mise en valeur des terres, ont fait apparaître un retour palpable au travail de la terre et de l'oléiculture en particulier, soulignent des exploitants.Ils font valoir que la cueillette des olives, quoique figurant parmi les tâches les plus pénibles qui soient, connaît un regain d'intérêt en Kabylie, où les citoyens sans terre proposent volontiers leurs services en contrepartie de la moitié de la récolte, selon des traditions commerciales bien établies dans cette région du pays. C'est du 50-50 entre le propriétaire et le traiteur. Une fois rassemblée, la récolte prend le chemin des pressoirs locaux, dans l'ensemble modernes et bien équipés.Et là encore, on peut s'acquitter soit en espèces soit en nature pour la pression des fruits et le tarif est souvent au dixième: Pour une production de 1000 litres d'huile, soit le rendement moyen par hectare, on laissera sur place 100 litres à l'exploitant. Reste l'éternelle bonne question que se pose invariablement tous les amateurs de bonne huile: comment reconnaître l'huile d'olive authentique de celle que des revendeurs peu scrupuleux s'emploient chaque année à la mélanger à de l'huile ordinaire? Selon les plus avertis, outre la nécessité de s'adresser au commerçant le plus fiable possible, il existerait des méthodes "simples mais infaillibles" dont celle qui consiste à placer une tasse d'huile d'olive dans le réfrigérateur et attendre le résultat. Si elle se solidifie pour ressembler à du beurre, c'est la vraie, mais si au contraire s'en dégagent une partie solide et une partie liquide c'est que le produit résulte d'un mélange douteux. Pour rester dans le chapitre de la qualité, la meilleure huile d'Algérie sortirait de la région montagneuse de Jijel, selon ceux qui prétendent pouvoir la boire "au goulot" et en ressentir instantanément les bienfaits sur l'organisme. Pour d'autres, l'huile de M'sila "a un goût exceptionnel et ne ressemblant à nul autre pareil". A en croire d'autres encore, la palme de la saveur authentique de l'huile d'olive est à octroyer aux régions de Tazmalt ou de Chorfa, dans le Djurdjura. Et chacun y va de ses arguments pour vanter le produit local. Mais qu'importe, l'huile d'olive reste l'huile d'olive et la bonne nouvelle est que l'olivier, longtemps confiné dans le nord du pays, peut être cultivé plus au sud comme à M'sila, et même à El Oued où les premières expérimentations se sont avérées concluantes. aroles de vieux routiers du métier : Il reste aux plus jeunes d'accepter de travailler dur pour que l'olivier reprenne la place qui était la sienne et que l'huile d'olive regarnisse nos tables avec toujours plus de goût et de saveur.