Le cap symbolique des 50 dollars pour un baril de pétrole brut a presque été franchi, hier matin, à la Bourse de Londres, en raison des signes de plus en plus tangibles d'une probable diminution de la consommation pétrolière l'an prochain par rapport à cette année. La veille, les cours du pétrole avaient déjà fini au plus bas depuis janvier 2007 à New York. "Les prix continuent leur glissade, à la lumière des remarques du président de l'Opep et avant le rapport du département américain de l'énergie attendu à 15H35 GMT", expliquait Michael Davis, analyste de la maison de courtage Sucden. Pour la plupart des analystes, seule une réaction rapide de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pourrait dorénavant empêcher les prix de poursuivre leur déclin. Cependant, le président de l'Organisation, M. Chakib Khelil, a semé le doute en indiquant que la réunion d'urgence fixée pour le 29 novembre au Caire ne serait qu'une "consultation", suggérant qu'aucune décision sur la production n'y sera prise. "Il semble peu probable que les ministres de l'Opep prennent une décision sur la production à cette réunion" (du Caire), a estimé ainsi M. Davis, sachant que son président avait jugée "plus importante" la réunion extraordinaire du 17 décembre en Algérie. Depuis septembre, l'Opep a retiré du marché quelque deux millions de barils par jour (bpj). Par ailleurs, l'attente d'une hausse des réserves pétrolières américaines déprime le moral des investisseurs, déjà affolés par la dégradation à grande vitesse des pronostics de demande. Le marché reste concentré sur les perspectives de demande, qui se dégradent rapidement dans le sillage de la récession économique des grands pays industrialisés. Le cabinet spécialisé CGES a été jusqu'à prédire, mardi, dans son rapport mensuel, que la demande allait se contracter dans le monde en 2008, pour la première fois en 25 ans. Contrairement à d'autres institutions comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le département américain de l'Energie (DoE) et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le CGES estime que la hausse de la consommation dans les pays émergents ne suffit plus à compenser le repli dans les pays industrialisés. Pour Phil Flynn, d'Alaron Trading, le marché du pétrole "est submergé par l'impact de l'économie mondiale". Les investisseurs s'interrogent également sur "la réalité" de la réduction de la production de 1,5 million de barils par jour, annoncée en octobre par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cette baisse de la production "n'a pas été mise en œuvre et on peut se demander si elle le sera jamais", a ajouté Antoine Halff de Newedge Group. Depuis son sommet historique de 147 dollars le baril, atteint en juillet dernier, le baril de pétrole brut sur les marchés s'est littéralement effondré, perdant, depuis, les deux tiers de sa valeur. "Nous pensons que les cours vont encore baisser jusqu'à l'annonce d'éléments montrant que les Etats-Unis pourraient en finir avec la récession", expliquent, à ce propos, les analystes de la firme CFC Seymour Securities de Hong Kong. Ces derniers s'attendent à ce que le baril de brut chute à 43 ou 44 dollars, avant de reprendre sa progression.