Les prix du baril de pétrole ont bondi ces derniers jours, passant légèrement la barre des soixante-dix-huit dollars. Cette hausse est attribuée à la publication des stocks de brut jeudi dernier, mais également à la dépréciation de la monnaie américaine devant l'euro. Pour le premier facteur, les réserves ont augmenté de 400 000 barils, mais celles d'essence ont plongé de 5,2 millions de barils, à la surprise des analystes, ce qui a apaisé le marché quant à l'excès actuel de l'offre. Les stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont en outre baissé plus que prévu, de 1,1 million de barils. L'affaiblissement du billet vert a, lui, souvent un impact positif sur les cours du pétrole. Il est des séances où le dollar a perdu plus d'un point face à la monnaie européenne. La baisse du dollar va-t-elle inciter les pays pétroliers à changer d'unité de compte ? Peu probable, disent les spécialistes. L'affaiblissement du billet vert a fait resurgir un vieux débat sur les marchés pétroliers. Il est des pays parmi les membres de l'OPEP qui ont fait des propositions consistant à ne plus facturer le pétrole en dollars. Les marchés financiers restent indifférents à l'idée de se détourner du dollar comme unité de compte. La problématique avait provoqué un débat tumultueux lors du dernier sommet en date des chefs d'Etat des pays OPEP tenu à Riyad (Arabie saoudite). En tout cas, la reprise des cours du pétrole devrait se maintenir, l'hiver pointant son nez, et la demande en pétrole à l'échelle mondiale devant augmenter. Dans son dernier rapport, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a souligné que la demande pétrolière va être «plus forte que prévu» en raison d'une reprise économique qui se dessine. Il y a une semaine, c'était l'Agence internationale pour l'énergie (AIE) qui avait revu légèrement à la hausse sa prévision de demande mondiale de brut en 2009 et 2010. Dans son rapport mensuel diffusé mardi dernier, l'OPEP a, en effet, estimé qu'en raison de signes de «rétablissement» de l'économie mondiale, le recul de la consommation sera limité à -1,65% cette année, contre -1,8% prévu précédemment. Pour 2010, la hausse de la demande s'établira à 0,8% l'an prochain contre 0,6% envisagé auparavant. En chiffres absolus, l'OPEP a rehaussé d'environ 0,2 million de barils par jour (mbj) sa prévision de demande tant pour 2009 que pour 2010, portant celle-ci à respectivement 84,2 et à 84,9 mbj. Pour réviser ses prévisions, l'organisation table sur une récession mondiale contenue à -1,2% cette année et sur une croissance de 2,7% en 2010, contre 2,3% précédemment. «L'économie mondiale semble entrer dans une nouvelle phase, passant d'une période de limitation des effets de la crise à une période de rétablissement économique», écrit-elle dans son rapport. C'est dans le sillage de la publication de ce rapport que les cours de l'or noir ont commencé à se reprendre ; il y a presque une semaine, le pétrole a franchi la barre des 74 dollars pour le baril de WTI américain. Le baril de brent de la mer du Nord s'échangeait, lui, contre 72,50 dollars. Cette reprise n'était pas sans effets sur les titres en bourses. Les valeurs du secteur pétrolier s'affichaient parmi les plus fortes hausses du CAC 40 vendredi dernier à la Bourse de Paris. Le titre du groupe Total, par exemple, prenait 2,81% à 43,04 euros. L'offre pétrolière n'a pas réellement évolué. Celle de l'OPEP tourne toujours autour de 24,84 millions de barils par jour. En réunion ordinaire, le 9 septembre dernier, à Vienne, l'organisation pétrolière a décidé de maintenir l'offre pétrolière inchangée. Y. S.