L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) veut éviter une détérioration des cours du pétrole, parce que la demande mondiale est en train de diminuer, de flancher. Aussi est-il probable qu'elle taille dans ses quotas, à la faveur de sa prochaine réunion à Vienne, prévue le 15 mars. Selon son secrétaire général, le Libyen Abdullah al Badri, l'organisation prendra une telle décision à cette date. Mais ce à quoi elle doit veiller, de suite, c'est de faire respecter la mesure de réduction prise le 17 décembre dernier à Oran (une baisse de 2,2 millions de barils/jour). Pour l'instant, la décision est appliquée à hauteur de quatre-vingts pour cent. C'est relativement satisfaisant, disent les spécialistes. Le déclin de la demande pétrolière a été mis en exergue et dans le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et dans celui de l'OPEP. L'AIE a révisé à la baisse sa prévision de demande mondiale de brut pour l'année 2009 de 980 000 barils/jour à 84,7 millions de barils/jour. Dans son rapport mensuel de février, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a revu, elle, aussi, à la baisse, ses prévisions pour 2009. Elle table sur 85,13 millions de barils/jour (mbj), son estimation pour la demande de brut en 2009, ce qui représente un déclin de la consommation de 600 000 barils par rapport à 2008, c'est une nouvelle donne que l'organisation doit gérer. L'OPEP reste toutefois l'organisation la plus optimiste quant à la demande, ont souligné les analystes de Barclays Capital. Elle écrit dans son rapport que la demande pétrolière se contractera plus vivement que prévu cette année du fait de la crise économique et financière. Cette révision reflète en fait l'aggravation de la situation économique dans les pays de l'OCDE qui s'est étendue aux pays à économie émergente, note encore le document en question. Les conditions météorologiques, plus froides que la normale cet hiver, n'ont que partiellement compensé ce recul de la consommation de pétrole dans l'industrie, du fait de la récession, selon l'OPEP. Outre la persistance de prix plutôt modérés du brut, le déclin de l'activité industrielle dans les pays riches a conduit à des niveaux maximums des stocks de pétrole et de produits pétroliers, constate l'OPEP qui y voit une menace nouvelle pour la stabilité du marché pétrolier. L'actuel état du marché, sous l'effet des incertitudes sur la demande et l'approvisionnement, combiné avec l'aggravation de la crise économique dans le monde, montre la nécessité et l'importance d'une action de l'OPEP pour stabiliser le marché, est-il souligné dans le rapport rendu public par l'organisation pétrolière. Pendant que celle-ci empilait des prévisions sur la demande, les cours de brut continuaient à dégringoler. Le pétrole reculait d'un dollar à Londres vendredi dernier en fin d'échanges européens, à 45 dollars environ, tandis que le brut new-yorkais repassait au-dessus des 35 dollars, de fortes distorsions entraînant une décote record des prix outre-Atlantique. Le brent de la mer du Nord pour livraison en avril (premier jour de cotation de ce contrat) cédait vendredi 1,23 dollar, à 44,80 dollars le baril, par rapport à son cours de clôture de jeudi dernier, sur l'InterContinental Exchange de Londres. A New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en mars gagnait 1,08 dollar à 35,06 dollars. Des analystes relèvent que de fortes distorsions continuent à jouer entre les prix du pétrole à Londres et New York. Le différentiel entre les deux marchés a atteint un niveau record jeudi, de 10,67 dollars au cours d'une séance où New York a fini en baisse de 1,96 dollar. A retenir, le cours du baril de brut américain est passé d'un pic de 147,27 dollars en juillet à 34-35 dollars actuellement. Y. S.