Le bioéthanol "Nakhoil" n'est pas un concurrent aux hydrocarbures mais plutôt un complément, a précisé hier M. Brahim Zitouni, président de la société Organisation de l'agriculture dans le Sahara par l'intégration et la substitution (Oasis). Invité au Forum du quotidien El Moudjahid, M. Zitouni a souligné que l'usage sera, plus précisément, "d'additionner ce produit comme un oxygénant pour l'essence à la place du méthyl tertio butyl éther (MTBE) dont le prix sur le marché mondial est de 1500 dollars la tonne". Mélangé aux carburants à hauteur de 2 à 5%, le bioéthanol réduit de 30% les émissions de gaz à effet de serre, indique M. Zitouni. L'option de l'importation de l'oxygénant MTBE pour les raffineries algériennes est, selon l'invité du Forum, est inadéquate, a ajouté M. Zitouni. Le recours au Nakhoil comme oxygénant permettra, à l'Algérie, d'accroître la production et l'exportation des produits des raffineries, en plus de l'impact positive sur l'environnement.Loin de faire du produit Nakhoil le sujet majeur des débats, M. Zitouni s'est proposé d'aborder la question dans la dynamique qu'elle induit. En effet, dans son exposé, il a tenu à s'étaler plus sur le modèle économique d'Oasis qui, selon lui, lance une nouvelle branche industrielle qui s'intègre aux hydrocarbures avec un ensemble davantage dont le bioéthanol n'est qu'un élément. L'exploitation rationnelle des palmeraies, en adoptant les méthodes de la sylviculture, permettra de recycler en aliments de bétails, chaque année, 4% de la totalité des palmiers, particulièrement ceux improductifs. Ceci permettra de s'affranchir des surfaces emblavées consacrées à la céréaliculture à destination de l'alimentation de bétail pour l'orienter vers la consommation humaine. Cela est possible uniquement dans le cas de la phoeniciculture, car c'est une culture permanente d'une plante prolifique contrairement aux autres biomasses du bioéthanol qui sont des cultures secondaires intensives de plantes modestes en biomasse. De plus, l'extension d'une culture primaire comme celle du palmier dattier porte en elle moins de dangers de spécialisation que l'extension de cultures intensives secondaires comme la canne à sucre, le maïs ou la betterave sucrière. Le développement du Nakhoil deviendrait en quelque sorte la première culture agricole arabe et la pierre angulaire de l'élevage jouant un rôle fondamental d'agent de croissance de l'ensemble du secteur agricole grâce à l'adoption du modèle oasien en expansion constante dans les parties désertiques et semi-arides de nos pays. Répondant aux critiques habituelles faites aux biocarburants, qui soustraient à la population mondiale des ressources importantes de son alimentation humaine, M. Zitouni a indiqué qu'il fallait tempérer ces critiques. Contrairement aux autres biomasses, les produits associés au process du bioéthanol à usage de carburant sont dans le cas du palmier dattier à destination de la consommation humaine. Par ailleurs, il a ajouté que le Nakhoil n'a pas d'impact sur le prix des matières premières. La flambée des prix des produits alimentaires n'est donc pas due au bioéthanol mais, au même titre que le pétrole, à la spéculation. Répondant à une question sur la répercussion sur les prix, il a indiqué que la comparaison se fait sur la différence des prix sur justement les oxygénants. Concernant l'aboutissement du projet en Algérie, le président de la société Oasis a précisé que si l'accord des pouvoirs publics est accordé d'ici le premier trimestre 2009, le Nakhoil sera sur le marché au premier trimestre 2011. A ce titre, il a souligné l'intérêt suscité par le projet chez les ministères de l'Environnement, de l'Agriculture et celui de l'Energie.