Avec zéro dinars dans les tirelires de la boite de production, ACIMA Film, Mina Bachir Chouikh qui dirige l'entreprise de production a osé donner avec son époux Mohamed Chouikh le premier tour de manivelle d'un film qui leur tenait à cœur depuis des années, "L'Andalou." Un film qui doit ingurgiter pas moins de 20 milliards de centimes compte tenu du fait que ce long-métrage historique nécessite des décors et des costumes tout neufs, des déplacements à l'étranger, (Maroc, Tunisie, Espagne), des têtes d'affiche internationales etc….Mohamed Chouikh réalisateur ainsi que son épouse, Mina Bachir Chouikh directrice de production du film ont osé jeudi dernier à la Villa Abdelatiff, tourner à titre symbolique la première séquence de "L'Andalou", en attendant que de grosses entreprises nationales mettent la main dans leur cagnotte pour aider à ce que cette fresque historique, une première dans l'histoire de notre cinéma, se concrétise. Il faut dire que les aides non encore touchées- qui leur sont venues dans un premier temps du ministère de la Culture dans le cadre de "Alger capitale de la culture arabe ", de l'ENTV, de l'ONDA (office national des droits d'auteurs), de la boite espagnol ARALAN films, ne pourront selon les techniciens qui seront sur le chantier, même pas couvrir les frais de voyages et ceux de l'hôtellerie. Au lieu de tourner en rond et d'attendre les sous, les Chouikh ont décidé d'agir afin de sensibiliser quelques mécènes et quelques entreprises afin qu'ils coopèrent dans la production d'une œuvre racontant une période " historique très peu ou tout à fait méconnue." dira Mina Chouikh. Le tournage réel de ce film qui nécessite quatre mois, démarrera vers le début des premiers mois de l'année 2009 et donc sera prêt vers 2010.Le film, un long-métrage de deux heures, est une fresque historique tissée autour de la vie d'un dignitaire andalou entre Grenade et le Maghreb à la fin du XIVè siècle, époque marquant la fin de la présence arabo-mauresque en Espagne et le début de la Reconquista.Salim, le personnage principal, proche de la cour de Boabdil, dernier roi andalou de Grenade, refuse de suivre le roi dans son exil au Maroc. Et pour cause, Boabdil venait de livrer son royaume aux rois chrétiens de la Reconquista, préférant ainsi, la capitulation honteuse à la résistance devant l'ennemi. Avec son ami juif Ishaq, Salim fils d'un qadi musulman et d'une chrétienne, connaîtra la pauvreté, la déchéance dans son Espagne natale, avant de prendre le chemin de l'exil et d'échouer sur les côtes algériennes où il est recueilli par un émir autochtone dont il deviendra, à la fois le grand intendant et le gendre. C'est alors que son destin algérien et ses origines andalouses le placeront au coeur de l'histoire tourmentée d'un Maghreb, déchiré par les luttes fratricides, convoité par la couronne espagnole conquérante et bouleversé par l'arrivée des Turcs. Mohamed Chouikh qui signe ici les dialogues et le récit, a dû fouiner dans un tas de bibliothèques pour reconstituer les faits marquants de la chute de Grenade. L'ambition des deux cinéastes est de faire un film valable, pas avec des pacotilles, mais avec un vrai financement, des acteurs connus et reconnus au point où la probabilité de distribuer l'espagnol et géant, Antonia Panderras n'est pas à écarter. Le casting partiel s'est déjà fait et l'on sait déjà que Bahia Rachdi, Sid Ali Kouiret endosseront des rôles dans ce film auquel participera l'égyptien Nour Cherif qui " a donné son accord " dira Mina Chouikh.Mohamed Chouikh qui a signé plusieurs œuvres dont la dernière " Douar N'ssa " (2005) a séduit même les spectateurs étrangers, revient ainsi avec un thème à la fois délicat et nouveau, puisqu'il s'agit d'histoire, donc d'un passé commun entre l'Espagne et l'Algérie qu'il faudra reconstituer avec autant de justesse que de talent.