Alla El Aswany, l'auteur égyptien du best Sellers, L'immeuble Yacoubien, est à Alger depuis dimanche dernier pour une série d'entretiens et de rencontres avec les responsables de la Culture ainsi que le journalistes.Le clou de sa visite à Alger à l'invitation des éditions Casbah, c'était la présentation dimanche dernier du film à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi ainsi que la signature de son ouvrage (2002) hier à la librairie du Tiers-Monde qui appartient depuis déjà deux années aux éditions Casbah. Auparavant, l'écrivain a donné une conférence de presse à l'hôtel Saint Georges dans laquelle il a confié que " Si quelqu'un veut changer l'ordre politique dans son pays, je ne pense pas qu'il puisse le faire avec un poème ou un roman, de préférence qu'il s' engage-toi dans la politique directement..." a-t-il dit. Il n y avait pas grand monde dimanche soir à la salle Ibn Zeidoun, où était projeté L'immeuble Yacoubien, un film sorti en 2006, donc relativement vieux et qui existe en DVD chez n'importe quel disquaire d'Alger. Il n'en demeure pas moins que le livre de Alla Al Aswani, fut lors de sa sortie une véritable révélation d'autant qu'il s'était vendu à 10.000 exemplaires, en quelques mois. Quant au film, celui-ci a ingurgité de gros moyens avec des acteurs célèbres comme la star égyptienne Adel Imam. Très vite, poussé par la rumeur, le livre s'est répandu dans le monde arabe et a été traduit en anglais, puis en français. "Il pose un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège. Alla El Aswani ne cherche pas le scandale. Il nous dit simplement que le roi est nu. Il nous montre ce que chacun peut voir autour de lui, mais que seule la littérature rend vraiment visible.". A peu près même succès pour son nouveau roman, Chicago . "Quand j'écris un article, c'est un engagement pour la liberté dans mon pays ", dit-il ? " Dans un roman, l'engagement est pour l'ensemble de l'humanité, pour la défense de la vie. Les personnages sont des êtres humains avant tout ", estime Alla Al Aswany qui publie régulièrement des opinions dans le journal d'opposition Al Doustour. "La tradition littéraire dans ce pays existe depuis quarante siècles ", affirme-t-il. Pour lui, écrire un roman exige une présence au sein de la société. " J'ai du respect pour des écrivains qui vivent ailleurs. J'ai étudié en Amérique et j'avais l'opportunité d'y rester. Mais, j'ai décidé de rentrer chez moi. Je ne peux écrire sur les Egyptiens si je ne vis pas en Egypte ". Affirme t-il. Selon les spécialistes, le succès de L'immeuble Yacoubien s'explique par le mariage très réussi entre une forme d'écriture romanesque classique, qui évoque les maîtres égyptiens du réalisme social (Naguib Mahfouz) et une intrigue qui confronte le lecteur à tous les maux de la société égyptienne contemporaine, évoqués avec une grande liberté de ton. Comme le Passage des miracles du roman homonyme de Naguib Mahfouz, l'Immeuble Yacoubian est un microcosme où cohabitent toutes les générations et toutes les classes sociales, et où les rapports sexuels, légitimes ou non, homo- ou hétérosexuels, fonctionnent comme une métaphore des rapports de classe. Actes Sud a publié sa traduction française en 2006. Le film tiré du roman (L'Immeuble Yacoubian, réalisation Marwan Hamed) est sorti en France le 23 août 2006 (sortie du DVD le 17 avril 2007). Dentiste de son état, Alla al-Aswany est né en 1957au Caire. Né dans une famille intellectuelle, d'un père écrivain - Abbas al-Aswany -, il a fait ses études secondaires dans un lycée égyptien de langue française et a également étudié la chirurgie dentaire aux États-Unis, à l'Université de l'Illinois à Chicago. Il contribue régulièrement aux journaux d'opposition et est proche des intellectuels de gauche, en particulier de Sonallah Ibrahim. Il se dit indépendant des partis politiques mais est l'un des membres fondateurs du mouvement d'opposition " Kifaya " (Ça suffit) qui réclame des élections présidentielles réellement libres.