Par Abderrahmane Mebtoul, Exepert International Cette présente contribution est une brève synthèse des conférences données les 05 et 24 novembre 2008 respectivement à l'Université d'Oran et à l'Université de Sidi Bel Abbès qui ont vu un nombre de participants très élevé et un débat contradictoire fructueux relative à la crise financière internationale et son impact sur l'économie algérienne. 1.-C'est que les plus grandes places financières entre le 02 janvier et le 20 novembre 2008 ont perdu presque la moitié de leur capitalisation soit environ 35.000 milliards de dollars (plus de 11.000 milliards de dollars entre le 24 octobre 2008 et le 20 novembre 2008) comparée à l'insignifiant PIB algérien d'environ 130 milliards de dollars et moins de 65 milliards de dollars hors hydrocarbures touchant presque tous les pays notamment les pays émergents Chine, Inde et Brésil. Car il existe maintenant une unanimité des institutions internationales, la crise durera au minimum deux années s'il y a résolution, le cas contraire allant jusqu'au delà de 2011/2012. . Or, n'oublions jamais que la crise de 1929 a eu lieu en 1929 mais que les ondes de chocs les plus brutaux ont eu lieu entre 1932/1933. Aussi, la récession de l'économie mondiale( les prévisions du FMI novembre 2008 donnent une croissance négative pour les USA et l'Europe pour 2009 moins 0,3% )avec des impacts sur les économies asiatiques (moins de 6% contre plus de 10% les années passées ), crise prolongée qui entraînerait inéluctablement une baisse de la demande mondiale des hydrocarbures (les économies asiatiques étant fortement connectés à l'économie mondiale) et par là une chute du cours du brent , le prix de cession du gaz déjà sous évalué de 50% par rapport au cours du brent. Certains analystes prévoient une contraction de la demande mondiale de pétrole entre 30 et 50% entre 2009/2010 selon l'ampleur de la crise mondiale en précisant que n'existe pas de corrélations strictes de 100% entre la dépréciation ou l'appréciation du dollar et la dépréciation ou l'appréciation du cours du brent comme en témoigne l'histoire pétrolière mondiale mais une corrélation seulement de 20/30%.Et le manque à gagner serait d'autant plus important qu'il y aurait du fait de l'important déficit budgétaire américain à l'avenir dépréciation simultanée du cours du brent et du dollar. Rappelons également que la décision prise par l'Opep, lors de l'avant dernière réunion tenue à Vienne, de baisser sa production de pétrole de 520 000 barils et la réduction récente de diminuer de 1,5 millions de barils jour n'a pas aussi réussi à freiner la baisse des cours qui ont atteint le pic de plus de 147 dollars le baril( p)lus de 50 dollars représentant des bulles financières) . Même si les membres de l'Opep tombent d'accord sur une baisse drastique des quotas de production lors de leur prochaine réunion à Oran le 17 décembre 2008 ) date où l'Algérie ne sera plus présidente de l'OPEP, il n'est pas certain que cela suffise à enrayer la chute des cours. Si en temps, normal les interventions de l'Opep pour maintenir les cours connaissent un certain succès, ce n'est pas le cas en temps de crise, comme en 1998 et en 2001, quand la croissance mondiale avait ralenti, passant sous les 2%. Car l'OPEP ne commercialisent sur le marché mondial 2005/2008 que 40/45%, 60/55% se faisant hors OPEP et avec la baisse des quotas il y a risque de voir sa part de marché allant en diminuant, vers moins 35% sans influer grandement les cours. 2.- Car la chute du cours du baril touchera en premier lieu des pays à fortes populations ayant programmés d'importantes dépenses publiques comme l'Iran et l'Algérie,surtout l'Algérie étant un pays marginal qui représente 1% pour le pétrole et 2,5% pour le gaz des réserves mondiales. Evitons de rappeler des évidences que la spécialisation des banques algériennes dans la banque de détail et non dans des segments spéculatifs qui touchent actuellement bon nombre de banques internationales, le dinar n'étant pas convertible, les dépôts des particuliers au niveau des banques primaires ne risquant presque rien bien entendu en termes nominaux , et non en termes réels en cas d'inflation qui amenuiserait leur valeur . D'ailleurs, c'est plutôt une tare, car n'existant pas de banques de détail au sens international mais des guichets administratifs, la réforme bancaire accusant un retard considérable, aspect mis en relief par le rapport 2008 du Word Economic Forum qui classe l'Algérie pour la sécurité bancaire 134 ème sur 134 pays, soit le dernier. Il ne faut pas analyser sous l'angle financier mais sous l'angle macro-économique pour analyser l'impact de la crise financière actuelle sur l'économie algérienne. Force est de reconnaître que l' Algérie depuis l'indépendance politique, reposant sur la rente, n'a pas su se prémunir contre les chocs extérieurs les exportations hors hydrocarbures représentant moins de 2% et sur les 2% 50% de métaux ferreux et semi ferreux( dévalorisation du savoir et gouvernance mitigée)et que sur les 6 % de taux de croissance hors hydrocarbures 80% de ces 6% sont à leur tour tirés par les hydrocarbures .Malgré des dépenses monétaires supérieures à 200 milliards de dollars entre 2004/2009( ces dépenses entre 2008, prévision 2009 s'étant faites sur la base d'un cours du baril supérieur à 100 dollars, car il n' y a lieu de ne pas confondre la loi de finances qui l'établit à 37 dollars avec un déficit budgétaire et les dépenses réelles ) , même le FMI est désemparé : il a établi un taux de croissance pour l'Algérie de plus de plus de 4% pour les années 2008/2009, sur la base d'un cours du pétrole de 110/120 dollars ; vient de revoir à la baisse le 09 novembre 2008 à moins de 3% pour 2008 et moins de 2% pour 2009 , alors que la demande d'emplois annuelle avoisine 450.000/500.000 par an qui s'ajoute au stock de chômage estimée par l'organe officiel pour 2007 à plus de 13% contre plus de 20% pur les organismes internationaux et un taux d'inflation qui dépassera selon l'officiel plus de 5% pour 2008( plus de 12% selon d'autres organes internationaux ) traduisant le peu d'efficience des dépenses publiques ( salaires sans contreparties productives pour une cohésion sociale fictive ) 3.-Car, il y a lieu de ne pas confondre les recettes déclarées avec le surplus que verse Sonatrach au trésor dans la mesure où il faudra soustraire à la fois les investissements et l'ensemble des frais d'exploitation et la part des associés étrangers. A titre d'exemple pur 2007 le versement au Trésor Public, au titre de la fiscalité pétrolière où le cours a été en moyenne de 75 dollars a atteint 43,6 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 59,5 milliards de dollars. Quant à la capacité d'autofinancement de la société, elle a été de plus de 13 milliards de raffinage , il est prévu un plan d'investissement de 45 milliards de dollars, pour la période 2008-2012, .Ce qu'il faut retenir c'est l'autofinancement de Sonatrach fluctue nécessairement entre 15/20 milliards de dollars annuellement pour maintenir la production existante et réaliser ses projets futurs surtout avec les nouvelles dispositions de la loi des hydrocarbures dollars qui l'obligent à participer à plus de 51% et même dans des segments peu rentables comme les canalisations tout en supposant ce qui n'est pas évident qu'il y a des investisseurs étrangers qui risquent de ne pas venir avec un cours du baril inférieur à 50/60 dollars du fait que les coûts de production en Algérie sont de loin supérieur à l'ensemble des pays OPEP. Aussi quelle est donc la marge de manoeuvre de l'Algérie face à cette crise entre 2009/2010 d'autant plus qu'avec un cours de 60 dollars, les recettes de Sonatrach seront d'environ 40 milliards de dollars,(moins avec un cours de 50 dollars) et avec son autofinancement, le surplus versé au trésor serait moins de 25 milliards de dollars alors que les dépenses annuelles actuelles dépassent 60/70 milliards de dollars US par an. Les réserves de change peuvent-elles servir d'amortisseur ? 4.-Le Ministre des Finances le 12 novembre 2008 vient de lever un important voile en annonçant que 135 milliards de dollars des réserves de change de l'Algérie (plus de 90%) sont placés à l'étranger à moyen et long terme, un retrait prématuré entraînerait une décote des obligations de plus de 30% avec cette crise en espérant qu'une partie n'a pas été placée dans des banques d'investissement qui ont fait faillite. A un cours inférieur à 70 dollars au-delà de deux (2) années, au vu des dépenses actuelles, l'économie algérienne serait confronté à un véritable à des révisions déchirantes dans les dépenses publiques, suite à l'arrêt de bon nombre de projets d'investissements, au frein des investissements porteurs étrangers créateur de valeur ajoutée du fait de l'amenuisement des réserves de change. Un cours de 40 dollars, nous ramènerait corrigé par l'inflation mondiale à un cours à prix constant 1999 d'environ 20/25 dollars. En cas de récession de l'économie mondiale au-delà de 2010, il faudrait s'attendre à un cours inférieur à 50 dollars. Concernant la demande future de pétrole ,même en temps de reprise mais pas avant fin 2010 il y a lieu d'introduire le programme énergétique du nouveau président des Etats-Unis d'Amérique Barak OBAMA dont l' objectif stratégique est de mettre fin à la dépendance énergétique en pétrole des Etats-Unis vis à vis du Moyen Orient d'ici à 10 ans , tout au plus d'ici 20 ans d'au moins 40%. Et selon ce programme de réduire l'influence de l'OPEP. Même les enveloppées dégagées en Europe et aux USA pour l'automobile les obligent pour en bénéficier à aller vers de nouvelles technologies n'utilisant pas ou très peu d'hydrocarbures. A titre de rappel les objectifs stratégiques des USA et de l'Europe qui représentent plus de 60% de la consommation mondiale, est de diminuer à l'horizon 2020 20% pour les USA et 20% pour l'Europe. La différence sera-t-elle -elle comblée par l'Asie ; le problème reste posé car fortement arrimé à l'économie mondiale pour leurs exportations et qui adhéreront au protocole de Kyoto, ce d'autant plus que les nouvelles technologies diffusées à grande échelle les rendraient rentables à moins de 60/70 dollars sans préjuger de l'utilisation du charbon propre dont les réserves sont estimées à 200 ans contre 40/50 ans pour les hydrocarbures. 5.-En conclusion, espérons que les gouvernants tireront les leçons du fait qu'ils n'ont pas tirée les leçons de la crise de 1986 qui aboutit au drame des années 1990. Elle met à nu l'incohérence des politiques socio-économiques mue par l'unique dépense monétaire, la mentalité rentière avec une concentration excessive du revenu national au profit des emplois rentes, sans se soucier de la bonne gestion et en cas de difficultés de créer des commissions sans suite.. Ainsi un long chemin reste à faire pour l'Algérie, si elle veut se hisser au sein du concert des Nations en ce XXIème siècle où toute Nation qui n'avance pas et ne peut se faire entendre et se faire respecter que par son poids économique en s'adaptant aux nouvelles mutations mondiales. Car, pour éviter une crise majeure tant politique que socio-économique, il faudra entre 2010/2015 avoir un doublement du produit intérieur brut de dollars US, avec une diminution des sections rentes, le PIB qui fluctue pour la période 2006/2007 soit au minimum 260 milliards de dollars à prix constants 2008. Car paradoxe entre 2007/2008, le PIB fluctue entre 120 et 130 milliards de dollars ayant le même niveau que nos réserves de change dues à des facteurs essentiellement extérieures, avec un Etat de plus en plus riche mais une population de plus en plus pauvre . D'où l'urgence du passage d'une économie de rente à une économie productive. Elle interpelle plus globalement, au moment de la consolidation des grands ensemble, les dirigeants des pays du Maghreb,(moins de 2% des échanges intra et moins de 6% pour l'ensemble des pays arabes) tout en n'oubliant pas l'Afrique pour accélérer l'intégration économique au sein de l'espace euro méditerranéen et arabo -africain , devant favoriser les trois piliers du développent du XXIème siècle, la valorisation du savoir, l'organisation en réseaux et la bonne gouvernance par une lutte efficace contre la corruption liée à l'Etat de droit.