L'accord international fixant de nouveaux quotas de capture pour le thon rouge dans l'Atlantique et en Méditerranée n'est pas suffisant pour écarter la menace d'extinction de l'espèce, a estimé, mercredi, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le quota total de pêche pour ce poisson très prisé, mais victime de surpêche chronique depuis des années, va être réduit de 28.500 tonnes cette année à 22.000 tonnes l'an prochain, puis à 19.950 tonnes en 2010, aux termes de l'accord conclu lundi au Maroc. Le volume autorisé pourrait diminuer encore à 18.500 tonnes en 2011, sous réserve d'un réexamen de la situation en 2010, selon l'accord de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT). "Les quotas de pêche décidés par l'ICCAT sont totalement à courte vue. Ils sont à 50% au-dessus du niveau recommandé", a déclaré M. Francois Simard, conseiller de l'UICN pour la pêche. L'ICCAT réunit l'UE, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, plusieurs pays du pourtour méditerranéen comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, et la Syrie, mais aussi le Mexique, la Norvège, l'Islande ou encore le Brésil. Aussi, la Commission européenne a précisé que le quota de pêche serait réduit à 19.950 tonnes en 2010, contre plus de 28.000 tonnes cette année. Cet accord est jugé insuffisant par les organisations de défense de l'environnement. Le WWF a reproché aux pays membres de ne pas avoir suivi l'avis des scientifiques de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT), réunis à Marrakech, qui recommandaient d'abaisser le quota à 15.000 tonnes par an pour éviter l'extinction de l'espèce. "Ce n'est pas un accord, c'est une honte", a déclaré Sergi Tudela, responsable du programme des pêches en Méditerranée au WWF. Selon l'ONG, l'UE a inspiré l'accord avec le soutien du Japon et des pays d'Afrique du Nord. La Commission européenne, elle, s'est réjouie que la période de pêche autorisée ait été réduite de quatre mois. Les défenseurs de l'environnement souhaitaient inclure dans l'accord une interdiction totale de pêche durant la ponte des oeufs, en mai et en juin, période où la pêche est la plus intense. Greenpeace a qualifié l'accord de "désastre". Le thon rouge, très prisé, notamment dans l'élaboration des sushis, est une espèce menacée en raison de la surpêche dont il fait l'objet depuis des années. Des quotas existent certes. Mais outre le fait qu'ils sont jugés trop élevés par nombre de spécialistes, ils ne sont jamais respectés. En 2007, alors que le niveau de capture autorisé était de 29.500 tonnes, 61.000 tonnes, soit plus du double, ont été capturées, selon les chiffres du comité scientifique de l'Iccat, qui juge qu'une limite maximale de 15.000 tonnes par an devrait être fixée.